Les Ateliers du parfum

Touche pas à ma formule!

Les beaux parfums, ceux qui traversent l’épreuve du temps sont fragiles. Mon professeur de parfumerie a eu la chance de connaître la grande Germaine Cellier, parfumeur de génie et créatrice, entre autres, de Vent Vert, Fracas et Bandit.

Trois parfums qui existent toujours, mais certainement pas dans leur forme originelle. A l’époque déjà, Bandit avait été modifié puisque, à mon professeur qui le portait lors d’un dîner, Mme Cellier avait glissé : « Vous le portez bien mon petit ! Je vais vous envoyer le vrai et vous verrez… » Le vrai…?

Combien de vrai parfum reste t’il ? Je veux dire dans leur formule d’origine ? Oui, les beaux parfums, ceux qui traversent l’épreuve du temps sont fragiles et ceux qui en sont responsables sont trop humains… Dans l’excellent essai « Questions de parfumerie » par le « Groupe du Colisée » voici ce qu’on peut lire sur le sujet :

« Sur le plan concret. La survie de l’œuvre de qualité est dépendante du degré de responsabilité de ceux qui sont en charge de sa distribution. Légataires et gardiens de sa formule, ils ont à veiller au maintien de son intégrité originelle, perpétuellement menacée par les pénuries, les changements de méthode de production des matières premières, l’accroissement de leur coût, et l’impéritie humaine. »

Questions de parfumerie, texte rédigé par Jean François Blayn avec la collaboration de Pierre Bourdon, Jean Claude Delville. Guy Haasser, Jean-François Latty, Maurice Maurin, Alberto Morillas, Dominique Preyssas, Maurice Roucel, Henri Sebag, Christian Vuillemin, Corpman Editions

April fools

Chaque premier avril je me fais bêtement attraper et pourtant je jure chaque fois qu’on ne m’y reprendra plus. Ma distraction légendaire joue souvent contre moi en m’empêchant d’avoir pleinement conscience de la date. Tout de même parfois je m’éveille en me disant: attention c’est le premier avril ; ouvre l’oeil ma cocotte, mais une fois sous la douche ma petite cervelle vagabonde par monts et par vaux et lorsque je prends mon café je suis souvent la première à tomber dans le piège grossier du quotidien local. Peut être parce que je voudrais encore croire que des choses extraordinaires peuvent arriver… ? Cette année j’avais pourtant passé toutes les étapes ; quotidiens, amis, informations sans me laisser avoir, et c’est le 2 avril que, en consultant le site de basenotes, j’y vois une notification expliquant qu’à partir du mois de Mai les avis négatifs sur les parfums ne seraient plus publiés. Stupeur et tremblements !

Oui je suis vraiment une « April fool », il n’y a rien à faire pour moi je me ferai toujours avoir.

Le céleri

Ce matin dans mon test olfactif je suis tombée sur le céleri. Impossible de confondre cette huile essentielle avec une autre ! L’essence de céleri tirée des graines de l’Apium graveolens de la famille des ombellifères est énormément utilisée pour aromatiser les soupes, les conserves, les sauces. Son odeur est chaude épicée, grasse et sucrée et me rappelle le chocolat au raisin, avec un soupçon d’orange et de figue sèche, elle évoque aussi la soupe au légumes, ou le céleri en branche lorsqu’on le pèle. Le céleri est ses pendants synthétiques sont beaucoup utilisés en parfumerie mais ce sont des produits puissants et délicats à maîtriser. On trouve cette note céleri dans les Floraux ou les Orientaux ou elle apporte des notes chaudes.

Petit jeu du... mardi

La plupart des parfums actuels sont formés d’une grosse « galette » contenant quatre grandes matières synthétiques : l’Hedione à l’odeur florale citronnée, l’Iso E super boisé ambré velouté et la Galaxolide musc fruité lessiviel.

Il en manque une ? Oui c’est exprès, le premier qui me donne le nom de la substance synthétique manquante la recevra en échantillon avec en bonus une surprise. Ces quatre matières constituent l’ossature de départ de beaucoup de parfums aujourd’hui. Voilà sûrement pourquoi ils ont tous un air de famille. Cela explique aussi pourquoi dans le prix final d’un flacon nous ne déboursons qu’un tout petit pourcentage pour le parfum.

Le goût et l'odorat

Juste un lien vers une émission radio : "Impatience" sur la radio suisse romande : le goût et l’odorat. Cela parle de l’anosmie et du fonctionnement de l'odorat. Très  intéressant, cela ne restera en ligne que quelque temps donc dépêchez vous… C’est l’émission du jeudi 6 mars.

http://www.rsr.ch/la-1ere/impatience

Education olfactive

En matière de parfum et comme dans tout domaine un tant soit peu artistique, les goûts varient considérablement d’une personne à l’autre. Rien de plus normal dans une sphère aussi subjective que celle des odeurs et de leur perception. Nous appréhendons le monde avec notre bagage culturel, génétique, spirituel et tout ce que nos percevons est « déformé » par ce prisme unique. Dans le domaine des odeurs vient s’ajouter une dimension affective très importante et qui complique encore un peu plus l’appréciation « objective » d’un parfum. J’ai découvert récemment les parfums de Véro Kern ; kiki, rubj et onda, ceux-ci saturés de belles matières naturelles vibrantes et chaudes sont de véritables parfums de connaisseurs. onda particulièrement beau et sauvage provoque chez certaines personnes de mon entourage un mouvement de répulsion. (pour lire la suite cliquez sur le lien ci-dessous)

Vous avez du feu?

Je viens de finir le recueil des excellentes chroniques de Simon Leys, celles-ci sont parues entre 2005 et 2006 dans le Magazine Littéraire et sont réunies dans le livre : Le bonheur des petits poissons, lettres des antipodes. Tant d’intelligence et de pertinence sont un véritable régal pour l’esprit. Dans certaines de ses chroniques Monsieur Leys prend la défense des nouveaux parias des temps modernes : les fumeurs. De nos jours, ceux-ci sont traqués, bannis, cloués aux piloris, accusés de tuer les serveurs dans les restaurants, d’étouffer leurs collègues et autres crimes abominables.

Petit jeu du mercredi

C8H8O3 ça vous dit quelque chose ? Non ? Et 4-hydroxy-3méthobenzaldéhyde ? Non toujours pas ? Et si je vous dis vanilline ? Ah !

Cet aldéhyde aromatique entre pour environ 2% la composition de la vanille. Mais cette dernière possède plus de cinquante autres composants. Une bonne gousse d’appellation bourbon, (de l’océan indien) possède un éventail d’odeurs assez large, douce bien sûr, chocolatée, cacaotée, légèrement animalisée et boisée.

On reconnaît sa grande qualité olfactive à une note fruitée caractéristique. Laquelle ? A gagner un decant de « Un Bois Vanille » plus une absolue vanille à 10 % et de la vanilline également à 10%. Je vous aide un peu il s’agit d’une note de fruit sec que l’on retrouve aussi dans l'absolu.

Tu sens jeune!

Mesdames oubliez les crèmes rajeunissantes les liftings coûteux et autre injections de botox, pour paraître plus jeune que son âge il suffit de se parfumer au…pamplemousse !

Le « Smell and Taste Institute » de Chicago voulait répondre à cette question qui nous torturent et nous préoccupent toutes quotidiennement : Mais bondiou quelle odeur pourrait nous faire paraître plus jeunes ??? L’expérience démontre que les femmes parfumées à la lavande ou au brocoli ne paraissent pas plus jeunes aux yeux des volontaires mâles, ceux-ci par contre se sont laisser totalement subjuguer par l’odeur du pamplemousse en évaluant l’âge de la dame bien en dessous de la réalité.

Voilà qui devrait redorer le blason des floraux-fruités qui ces dernières années nous ont inondés de pamplemousse… (Bon, je suis tout de même contente du fait que le brocoli a laissé ces messieurs indifférents…)

Quelques  pistes parfumées : Pamplelune de Guerlain et dans la même collection des Acqua Allegoria , Gentiana, In Love Again et Babydoll chez YSL… Il y en a beaucoup… Vous avez des suggestions ?

Ah…j’oubliais cela ne marche pas pour les hommes…

Envolée des prix des naturels

Toutes les essences  en provenance d’Indonésie ont vu leur prix augmenter de manière démesurée : cananga, citronelle, noix de muscade, et surtout le patchouli. Pour ce dernier les prix ont été multipliés par quatre ! Donc attention au patchouli bon marché, il sera probablement coupé… Le pire c'est qu'il ne s’agit pas d’une pénurie mais de l’œuvre de spéculateurs qui créent artificiellement une raréfaction de l’offre. En plus, concernant le patchouli, celui-ci ne peut pas vraiment être remplacé par un pendant synthétique.

C’est vraiment dommage que des gens finalement peu scrupuleux s’amusent à créer ces variations de prix énormes, incitant ainsi tout le monde à se tourner vers les synthétiques aux prix beaucoup plus stables.

En hausse aussi, la lavande avec de très mauvaises récoltes, l'essence de rose bulgare pour les mêmes raisons, le géranium bourbon dont les stocks sont pratiquement épuisés, l'essence de citron avec un rendement inférieur de 20 à 30 % ainsi que l'eucalyptus et le Petit Grain.