Les beaux parfums, ceux qui traversent l’épreuve du temps sont fragiles. Mon professeur de parfumerie a eu la chance de connaître la grande Germaine Cellier, parfumeur de génie et créatrice, entre autres, de Vent Vert, Fracas et Bandit.
Trois parfums qui existent toujours, mais certainement pas dans leur forme originelle. A l’époque déjà, Bandit avait été modifié puisque, à mon professeur qui le portait lors d’un dîner, Mme Cellier avait glissé : « Vous le portez bien mon petit ! Je vais vous envoyer le vrai et vous verrez… » Le vrai…?
Combien de vrai parfum reste t’il ? Je veux dire dans leur formule d’origine ? Oui, les beaux parfums, ceux qui traversent l’épreuve du temps sont fragiles et ceux qui en sont responsables sont trop humains… Dans l’excellent essai « Questions de parfumerie » par le « Groupe du Colisée » voici ce qu’on peut lire sur le sujet :
« Sur le plan concret. La survie de l’œuvre de qualité est dépendante du degré de responsabilité de ceux qui sont en charge de sa distribution. Légataires et gardiens de sa formule, ils ont à veiller au maintien de son intégrité originelle, perpétuellement menacée par les pénuries, les changements de méthode de production des matières premières, l’accroissement de leur coût, et l’impéritie humaine. »
Questions de parfumerie, texte rédigé par Jean François Blayn avec la collaboration de Pierre Bourdon, Jean Claude Delville. Guy Haasser, Jean-François Latty, Maurice Maurin, Alberto Morillas, Dominique Preyssas, Maurice Roucel, Henri Sebag, Christian Vuillemin, Corpman Editions
Enfin une bloggeuse francophone qui s 'interesse a ce sujet! je commencais a desesperer, ca fait deja quelques annees que ces sujets d 'integralite et de reformulations des parfums classiques sont l 'obssession des bloggeurs anglo-americains.
En 2008 je ne pense pas qu 'il y existe un seul parfum classique authentique et integre a sa formule d 'origine.
Bois de Jasmin, 1000fragrances et d 'autres bloggeurs font systematiquement la comparaison vintage version originale vs reedition ou version actuelle, ce n 'est pas encore un reflexe dans la blogosphere francophone, la derniere critique d 'auparfum.com autour de la reedition d 'Interdit de Givenchy ne mentionne rien, meme pas un mot de ce qu 'etait la version originale...
La premiere grande vague de reformulations c 'etait 1979 directement apres l 'interdiction du musc naturel chevrotin, la suivante le debut des annees 90 avec des reorchestrations completes de grands classiques comme Arpege, ainsi que des reformulations mediocres comme celle de Diorissimo, puis ce fut le tour des Chanel, Guerlain et Caron.
Luca Turin pretend que l 'extrait du No 5 est le meme que celui de 1921, tout comme Octavian Coifan j 'ai bien des doutes la-dessus:
http://1000fragrances.blogspot.com/2007/05/luca-turin-on-no5-my-position.html
J 'ai recemment achete pas mal de parfums vintages, entre autre Câline de Jean Patou, Fleurs de Rocaille de Caron, Quelques Fleurs de Houbigant et puisque vous en parlez ici, Vent Vert de Balmain, une superne creation de 1945 autour du galbanum de Germaine Cellier, un parfum reorchestre entierement en 1991 avec plus d 'intensite des notes florales que l 'original et a nouveau reformule en 2000.
http://cgi.ebay.com/ws/eBayISAPI.dll?ViewItem&rd=1&item=160176916454&ssPageName=STRK:MEWN:IT&ih=006
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 09 avril 2008 à 01:06
Le sujet traité ici est effectivement très intéressant. Mais rappelons-le, la première raison pour laquelle les formules de parfums changent, c'est la mise en conformité avec la législation sur les matières premières. Celle-ci est en effet de plus en plus drastique, au grand dam souvent des parfumeurs. Donc peut être que l'extrait actuel de Chanel N°5 a le même 'rendu olfactif' que celui de 1921. Mais la formule a sans doute été légèrement modifiée au fil des années pour rester conforme aux différentes règles de la législation. Ou peut être que non. Mais Ernest Beaux, son créateur, n'est pas là pour confirmer ou infirmer ces propos...
Rédigé par : ambroxan | 11 avril 2008 à 12:07
ambroxan, les formules de parfum comme celle du No 5 n 'ont pas ete "legerement" modifiees, elles ont toutes ete reformulees a outrance, meme chez Chanel et quand ce n 'est pas reorchestre entierement comme pour Arpege en 1993 (Richard Fraysse a reecrit la nouvelle composition, la on est meme plus dans le domaine de la reformulation), c 'est egalement le cas du nouvel Interdit de Givenchy par exemple ou Vent Vert de Balmain et de bien d 'autres parfums.
"la mise en conformité avec la législation sur les matières premières. Celle-ci est en effet de plus en plus drastique, au grand dam souvent des parfumeurs"...
la encore je vous trouve naif et bien complaisant avec la realite. l 'industrie du parfum est completement passive devant ces directives, d 'ailleurs elle a toujours refuse d 'adherer a un systeme de labels de qualite (vous rendez vous compte qu 'en France un simple fromage ou un vin ont des appellations controllees, mais pas le parfum! c 'est incroyable), contrairement a toutes les industries qui grace au lobbying preservent leurs interets economiques, l 'industrie du parfum subit. mais a qui profite le crime finalement?
"au grand dam des parfumeurs", oui certainement que certains nez artistiques aimeraient pouvoir avoir acces aux plus belles matieres premieres mais l 'industrie du parfum ca ne l 'arrange pas, elle fera plus de profits en reformulant les classiques qui leur coutaient trop cher a produire et en sortant de nouveaux fragrances fruitees et propettes 100% synthetiques. sachez qu 'aujourd 'hui le cout de production d 'un Coco Melle ou d 'un Chance de Chanel est largement inferieur a $5 le flacon alors que c 'est vendu dix a quinze fois plus cher dans le commerce!
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 11 avril 2008 à 23:30
Chère 'Un Chant d'Amour', même si je comprends votre déception (on peut sans doute parler d'aigreur), vous n'avez malheureusement aucune preuve (j'entends valable) de vos allégations de modifications de formule de parfums des années 20. Appelez Chanel et vous verrez bien ce qu'ils vous répondront ! Je ne dis pas que vous avez tort, bien au contraire (d'où mes propos nuancés dans le précédent message). Mais vous êtes visiblement beaucoup plus naïve que vous ne m'en accusez. Quand à défendre l'industrie du parfum auprès de Bruxelles, il s'agit de quelque chose de très complexe. Mais je vous rassure, les industriels ne vous ont pas attendus pour le faire. Vous pouvez vous mettre en relation avec plusieurs personnes si vous le souhaitez. Comme Francis Thibaudeau pour la Société Française des Parfumeurs, ou au Colipa (Association européenne de l'industrie des produits cosmétiques, de toilette et de la parfumerie) avec Françoise Montenay. Une femme très professionnelle et toujours très apte à défendre l'industrie du parfum... Vous aurez sans doute beaucoup de choses à lui dire car elle est également présidente de Chanel.
Rédigé par : ambroxan | 12 avril 2008 à 12:14
Bonjour,
C’est vrai que cet article soulève des points intéressants. Comme toi Chant d’Amour, je pense que Octavian et Luca se trompent sur N°5 (Luca a d’ailleurs des fois des points de vue parfois très controversés : voir *). Mais dire dans un même post que, en gros, maintenant les parfums c’est de la merde (prix de revient à 5 dollars, que du synthétique, etc.) et que les parfums ne sont pas assez défendus, c’est un peu fort de café, je trouve. Je crois que les assoces (comme Greenpeace) et les magazines (comme UFC Que choisir) sont suffisamment forts pour attaquer le parfum sans avoir besoin que les fans de parfums en rajoutent une couche. Moi aussi je trouve que les derniers Chanel ou Guerlain sont pas top, parfois même à ch... Mais bon, c’est aussi parce qu’ils permettent de rapporter de l’argent que les marques peuvent financer des lancements comme Les Exclusifs ou L’Art et la Matière, qui à mon avis, sans ça, seraient des gouffres à fric. Alors OK pour la critique mais essayons d’être modérées et constructives.
Véro
* pour Luca, Dior Homme est une fougère riche qui lui fait penser à Chance ! : voir extraits de son nouveau livre : http://www.perfumestheguide.com/samplereviews.html
Rédigé par : Véro | 12 avril 2008 à 14:55
ambroxan, je porte ces parfums depuis une vingtaine d 'annees, aujourd 'hui je n 'achete que des parfums vintages encore scelles et en excellent etat et effectivement quand je les porte je retrouve leur authenticite originale contrairement.
Victoria de Bois de Jasmin, quand elle fait la comparaison vintage vs versions actuelles reformulees, par exemple quand elle nous dit que la note de fond boisee de la version actuelle reformulee de Diorissimo est horrible et synthetique ou qu 'on ne retrouve plus aujourd 'hui la splendeur des notes poudrees de l 'Heure Bleue, on a affaire a une experte qui porte ces parfums depuis une quarantaine d 'annees! On ne peut pas negliger une telle experience et un tel temoignage.
Octavian Coifan est tout de meme un nez qui travaille chez Givaudan; pour vous dire humblement mais surement on connait tous par coeur ces classiques et on sait tres bien qu 'ils n 'ont plus rien a voir avec les originaux.
Vous mentionnez le directeur de la societe francaise des parfumeurs, il admet lui-meme dans une emission qui est passee sur TV5 'L 'Or Sauvage' que rien ne peut remplacer le musc chevrotin en parfumerie et que c 'est encore aujourd 'hui la matiere premiere la plus regrettee des parfumeurs depuis son interdiction.
Il y a deux ans a Barneys Boston, Frederic Malle a avoue a une amie perfumista de Perfume of Life que l 'industrie du parfum n 'a rien fait et ne fait toujours rien pour proteger et preserver les matieres premieres les plus vulnerables et en voie de disparition, par exemple le santal de Mysore, sachez qu 'en matiere de santal, que ce soit naturel ou synthetique, dans un parfum rien ne remplace la splendeur du santal de Mysore, rien...l 'australien ou les synthetiques, rien n 'est aussi beau et aussi pur. L 'approche des choses de l 'industrie du parfum c 'est tant qu 'il y en a, il y en a, tant qu 'on a le droit, on a le droit, cette industrie n 'a aucune vision en matiere d 'avenir. Toutes les grandes industries defendent leurs interets dans le monde coute que coute (imperialisme, lobbying, corruption...c 'est la realite!) sauf l 'industrie du parfum, qui elle en est arrivee a accepter par l 'Union (Bureaucrate) Europeenne l 'interdiction prochaine d 'essence de citron! *
A ce sujet ambroxan, vous devriez lire les topics de Perfume of Life ou participent de nombreux parfumeurs independants et ils sonnent tous la sonnette d 'alarme!
Ce laissez-faire des choses, cette irresponsabilite, c 'est pitoyable.
Alors apres on nous dit, oh mais la palette des synthetiques c 'est a l 'infini...Non! un grand parfum c 'est une composition des plus belles matieres premieres naturelles et synthetiques, du 100% synthetique ne remplacera jamais la complexite, la rarete et la beaute des matieres naturelles.
Avez-vous eu une conversation a ce sujet avec Jean Kerleo? lui aussi denonce ouvertement ces reformulations a outrance.
Serge Lutens admet ouvertement que dans a peine une vingtaine d 'annees, une gamme de parfums comme la sienne sera impossible a commercialiser parce qu 'on trouvera plus ce qu 'il faut.
Victoire Gobin Daude m 'avait dit un jour au telephone qu 'en France les grands groupes ne voulaient pas entendre parler de ses creations hors de prix a produire, elle ne degageait aucun profit sur la vente d 'un flacon, les grands groupes n 'investissent que dans des parfums dont le cout de production est inferieur a $5 le flacon. On sait tous combien ces parfums sont vendus en commerce, d 'ailleurs il y a des articles un peu partout online sur les marges de profits enormes que realise l 'industrie du parfum, alors dans ce contexte vous savez eux la qualite et l 'integralite des classiques, la preservation des matieres premieres en voie de disparition, ils doivent bien s 'en foutre! mais attention, a l 'heure ou on a jamais sorti autant de parfums les ventes baissent, moins 3.7% en 2007 aux Etats-Unis, c 'est a mon avis revelateur... pourquoi acheter un parfum a $90 chez Sephora quand on trouve un deodorant ou un gel douche qui sent plus ou moins la meme chose en grande surface?
* http://1000fragrances.blogspot.com/2008/03/sfp-conference-reach.html
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 12 avril 2008 à 21:38
J'aimerais apporter quelques petites remarques si je peux me permettre car il y a plusieurs erreurs dans vos propos Un Chant d'Amour. M Thibaudeau n’est pas directeur de la société fr. des parfumeurs. Je ne pense pas que M. Coifan soit non plus un nez comme vous dites. C'est un historien et un écrivain. Serge Lutens n'est pas non plus parfumeur bien qu’il soit ambigu volontairement. Disons que c'est une sorte de créateur/évaluateur, pour lequel des gens comme Chris Sheldrake écrivent les formules. Quant à Victoria de BoisdeJasmin, je suis contente qu'elle ait trouvé un travail qui lui plaise, mais son blog n'est désormais plus mis à jour (Cela arrive souvent avec les blogs, mais pas que pour le parfum). Et puis je dois dire que comparer des parfums frais et des flacons d'il y a plus de 10 ans qui ne se conservent pas, cela n'est pas très sérieux / valide comme méthode (essayez en goûtant des yaourts, vous renoncerez à vous prononcer). Autre remarque aussi, ce n'est pas parce qu'on est fan de parfums qu'il faut vouloir être plus zélé(e) que les professionnels. Evitons de faire du djihad olfactif svp. Je pense qu’il faut rester humble face aux parfums… Même si je vous l’accorde, certains ne sont pas forcément terribles. Et d'autres effectivement reformulés. Cordialement. Sandrine
Rédigé par : Sandrine | 13 avril 2008 à 12:31
Bien sur, Serge Lutens (que vous prenez carrement pour un amateur au passage*), Jean Kerleo, Victoire Gobin Daude, Victoria de Bois de Jasmin, Luca Turin, les dizaines et les dizaines d 'anglo-americains de Perfume of Life qui payent des sommes astronomiques pour porter les vintages d 'Apres l 'Ondee et de L 'Heure Bleue en extrait, nous sommes tous des cretins, quant a vous, vous permettez de rectifier mes "erreurs" (erreurs comme vous le verrez ci-dessous n 'en sont pas toutes), en esperant me discrediter, la comme ca sans contribuer a quoique ce soit d 'autre...
* Professionnel, le créateur (Serge Lutens) dit avoir respiré plus de 2200 matières premières mais ne divulgue rien de ses secrets de fabrication avant d'ajouter :
«À chaque fois que j'ai commencé à faire quelque chose, tous les vieux grands-pères de la parfumerie ont passé leur temps à me dire que je n'étais pas photographe, que je n'étais pas cinéaste ou encore que je n'étais pas parfumeur», déplore-t-il.
Selon Guy Robert (Caleche, Madame Rochas...) dans 'Les Sens du Parfum' confirme qu 'un parfum de qualite scelle bien conserve dans sa boite pourra rester aussi frais qu 'a son premier jour jusqu 'a 30 ans, si ce n 'est que le patchouli tourne couleur caca d 'oie mais sans que cela ne nuise a ses qualites olfactives.
"Plus un parfum sera compose de matieres premieres naturelles, plus il se bonifiera", ca c 'est le discours officiel d 'Olivier Creed, c 'est d 'ailleurs dans cet esprit que Fleur de The Rose Bulgare est vendu en vintage avec quinze d 'age.
Certes il y a des exceptions; il semblerait qu 'Arpege en vintage c 'est difficile, beaucoup de personne le trouve acre, surtout en extrait vintage, pour ma part je rencontre le meme probleme avec Joy, la encore en extrait, en revanche tous ces parfums que j 'affectionnent, 1000, Narcisse Noir, En Avion, Tabac Blond, l 'Heure Bleue, Mitsouko, Miss Dior, Vent Vert, Jolie Madame, Caline, Diorella, je vous le certifie, en vintage c 'est a se rouler par terre!
Diorissimo est fragile, comme le souligne Victoria de Bois de Jasmin (au fait ce n 'est pas parce que son site est moins actif en ce moment que son experience de plus de quarante ans et son temoignage ne valent rien!), il faut que le jus soit transparent, s 'il est trop jaune c 'est fichu. J 'ai suivit ses conseils, le meilleur moyen c 'est d 'acheter les eaux de toilette ou de cologne en vapo, surtout pas en splash et de se tenir a l 'ecart des extraits. Certes les notes de tete les plus volatiles ne restent pas aussi fraiches apres plus de quinze ou vingt ans, mais dans l 'ensemble ce sont des parfums fantastiques. Le fond de santal de la formule originale de Diorissimo est duveteux, doux, aerien, rien a voir avec la version actuelle et ses notes de fond reches et synthetiques. Pour rien au monde je recommende a quiconque d 'acheter la version actuelle reformulee.
Si Luca Turin est indulgeant envers Chanel, plus d 'une fois il s 'en est pris a des maisons comme Dior et Balmain avec intransigeance pour leurs mediocres reformulations. Il s 'est aujourd 'hui calme en ce qui concerne les reformulations de chez Guerlain mais il y a deux ans, voila ce qu 'il ecrivait:
The end of Civilisation as we know it
A terrible rumour had been circulating among perfumers for the last six months or so. Apparently, Guerlain had decided to modify all its classic fragrances (14 of them) to bring them into conformity with IFRA guidelines. IFRA is an industry body that keeps track of any health problems arising from fragrance use, i.e. allergies, etc. Its decisions are not law, merely recommendations. When IFRA says some raw material has been found to cause allergies in a small number of people, you can either remove it or put a small label that says what it does. The accepted practice in the industry is that only new fragrances need to be totally IFRA compliant. The old ones can stay as they are, much in the way that you can still drive your 1949 Armstrong Siddeley on public roads though it has no airbags. Given that a) Guerlain's greats have been around a long time, and b) you seldom hear, at a funeral, a friend of the deceased saying "what do you expect, she wore L'Heure Bleue", no one is asking Guerlain to do this. Well ahead of any actual regulation that would force them to do so, they are now pressing ahead with this act of vandalism rather than simply putting the little label on the bottle
Three raw materials in particular are going to be removed altogether: coumarin, oak moss and birch tar. That alone means the end of Mitsouko and Shalimar, which will henceforth smell of Eau du Soir and Vanilla Fields respectively. Finding replacements for these materials is non-trivial. There is no good coumarin substitute. Putting together a decent synthetic oakmoss has been the perfumery equivalent of proving the Riemann Conjecture in mathematics. The greatest minds have tried. One master perfumer, Arcadi Boix Camps, claims to have succeeded. You would think that Guerlain would enlist talent of that caliber to tackle this awesome task. Not a bit: they have just published an ad on the web looking for a "technical perfumer" between 25 and 28 years of age to do the job. Touchingly, they want the candidate to be good at computers and fluent in English, as if that was going to help. This is like asking the guy who tiled your bathroom to restore the Ravenna mosaics. Guerlain cannot even claim to be consistent: while plotting to destroy the fragrances everyone can buy, they are bringing back a dozen great classics (original formulae, allergies and all) to be sold only on the first floor of their store at no. 68, Champs Elysées. If you feel about this the way I do, e-mail Guerlain's customer relations officer, isabelle Rousseau, [email protected]
The Fall of the House of Guerlain
The new Guerlain has arrived. This happens only every few years, and is always an event. When I was a kid every launch would subtly alter your life: you could not walk down a Paris street and remain unaware for long that a new shape was in the air. The thrill, these days, is somewhat different: when, some years ago, the Guerlain family sold the family silver to LVMH (the Microsoft of fragrance), Guerlain jumped off the skyscraper nine decades of genius had built. Its been falling in slow motion ever since, and a crowd of perfume lovers has slowly gathered to watch it crash.
First came the ludicrous Champs Elysées, a fragrance so trite, so meretricious that even the androids at LVMH must have felt pangs of conscience. Fortunately, helped by inept advertising, it failed. Then Mahora, a tropical confection, not only monumentally vulgar (no bad thing in itself), but also utterly humourless. Now, after a decent interval during which Guerlain produced several skilled but unambitious fragrances, among which the excellent Shalimar Lite, comes the "big" one.
It is called L'Instant and, for the first time in the firm's history, is openly composed by an outside perfumer, Maurice Roucel. He is one of the greats, responsible for such masterpieces as Tocade, 24 Faubourg and Envy. Nevertheless, I wager even he felt awed at the prospect of carving his name on Guerlain's monument. Rumour had it that France's greatest perfume house was going to redeem itself with cost-no-object raw materials and show the world that the last five years had been a mere lapse of judgment.
Regrettably, the fall continues. From topnote to drydown L'Instant zips past known territory, from Dune to j'Adore via Allure. To be sure, the ingredients are exquisite. Roucel's signature, magnolia leaf essence, provides a novel, quiet woody-lemony background to an excellent jasmine and ylang chord. The drydown is solid as a rock, rich and powdery. The musks smell unusually expensive: spray l'Instant on the back of your hand before dinner, and lick it when the fruit salad comes. In the Grand Manner, the perfume smells different from the eau de parfum, darker and richer.
And yet…the fragrance is less than the sum of its parts, and smells as if Roucel's talent was diluted by a committee. It is like the idle rich at play: money and skill marshalled to provide a featureless fog of luxury, beauty without brains, plush without purpose. The ground is coming up fast. Will Guerlain survive ?
The Fall of the House of Guerlain Part II
A few months ago I had some sharp words to say about the latest Guerlain perfume and about the way this venerable firm was being handled by its new owners LVMH. I really must try to be nasty more often: I since receive one or two lavish packages a month from their PR department. I open them gingerly, but they turn out to contain some harmless bath oil or face powder that I pass on to my kids. The latest one was different: a press pack and samples for the launch of Shalimar Light. For a moment I thought I was stuck on Groundhog Day, since I had already given glowing reviews to this fragrance when it came out same time last year. Launches aren't cheap, so why have two ? I was so curious I opened the press pack and actually read it.
It explains that "Last year Mathilde Laurent caused real excitement with her vibrant and delicious variation on the original scent" (Shalimar, that is). True: Laurent, the young Guerlain in-house perfumer, has a devoted following, having composed among other things the irresistible Pamplelune and the drop-dead, confidential Guet-Apens (Christmas 1999) a perfume I'd walk barefoot on hot coals for. So what's new with the new one ? The press release explains that "in 2004 it is Jean-Paul Guerlain who will delight us with his radiant and cheerful rendition". This made my heart sink, because this meant that the original was discontinued. Then I smelled it, and all my worries evaporated with the alcohol on the smelling strip. Jean-Paul Guerlain has paid his junior colleague the ultimate compliment of not messing with her work. The new fragrance is a little brighter up top, a little thinner in the middle, but basically the same perfume, only slightly less good. Even the trusty gas chromatograph that hums away next to my desk gave the same answer when fed both fragrances: close.
Clearly no one is fooled here, least of all the poor souls who had to write the press release: they even prefaced it with a quotation from a Verlaine poem, "The same, and yet somehow different". What's going on ? I called Guerlain PR and asked why Laurent (currently on maternity leave) was being airbrushed out of the picture. The answer was that the perfume had been "optimized" by Jean-Paul Guerlain. Please optimize it back.
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 13 avril 2008 à 20:23
Bon j’avais fait une réponse à chacun d’entre vous mais je ne retrouve pas mon texte, c’est lundi, il pleut, il fait froid etc.
Tout d’abord merci pour votre participation, le sujet en question soulève bien des passions ! Vos commentaires sont très intéressants, je vous demande quand même de rester dans le débat d’idées et de ne pas vous affronter de manière stérile. (Attention je suis de mauvaise humeur aujourd’hui).
Je ne sais plus qui a dit : « là ou quelqu’un a raison les arbres ne fleurissent plus » (je ne me rappelle plus bien de la phrase non plus… Bref ce n’est pas important d’avoir raison ou pas, croyez moi cela n’a aucune importance, nous nous trompons tous… et qu'est ce que ça peut bien faire...?
Résumons :
Corrigez moi si je me trompe :)
Certains vieux parfums sont reformulés pour des raisons de legistlation, certains produits entrant dans leurs compositions n’étant plus autorisés au commerce ou alors prohibés pour des raisons de santé.
D’autres sont modifiés parce que certaines matières premières entrant dans leur composition résultaient d’une méthode d’obtention qui n’existe plus ou presque aujourd’hui comme par exemple l’enfleurage ou les infusions de vanille et autres…
D’autres sont modifiés parce qu’on ne trouve plus certains produits, bases, spécialités qui entraient dans la formule d’origine. Et la on touche vraiment à quelque chose d’unique, parce que le parfumeur travaille avec des matériaux qui sont eux-même fragiles pour toutes sortes de raisons et qui parfois tout simplement disparaissent, ne sont plus commercialisés. On comprend mieux ainsi la complexité à maintenir une formule (datant pour certaines de plus d’un siècle) dans son état d’origine.
Certains parfums sont modifiés de manière importante, notamment, et il faut bien l’admettre, sur la qualité des matières premières utilisées, mais gardent le même nom, par exemple Arpège : nouvelle formule, nouveau parfumeur mais même flacon. Modifié certainement pour des raisons économiques... ? Mais la marque a été très claire sur le changement de formule, présentant le nouveau parfum en disant qu’ils y avaient conservés les beaux naturels… Oui, bon…si vous voulez...
Certains parfums sont modifiés de façon subtile et difficile à percevoir et encore plus à prouver. Ils sont modifiés pour toutes sortes de raisons, parfois techniques ou juridiques comme on l’a évoqué et parfois, peut être même souvent,(osons le dire)pour des raisons purement économiques.
Nous avons ici deux cas de figure, le parfum a été modifié dans les règles de l’Art en essayant de conserver au maximum la qualité et l’identité du produit d’origine. Je n’ai pas trop de problèmes avec ça.
Dans le deuxième cas soit on ne respecte pas la qualité, soit on ne respecte pas l’identité. Je reste sur Arpège, ne nous mentons pas, la formule a été fortement dégraissée au niveau de la qualité des matières premières, Arpège aujourd’hui est un joli parfum mais très cheap sur la qualité, notamment des fleurs qu’il contient. Par contre c’est bien toujours un bouquet floral aldéhydé et il est reconnaissable et agrèable à porter, mais enfin il n’y plus grand-chose à voir avec l’original. Vous ne seriez certainement pas d’accord de payer le même prix pour une robe identique mais coupée dans des tissus très différents au niveau de leur qualité. C’est un peu la même chose ici.
Les parfums appartiennent aux marques, ils sont probablement considérés par celles-ci comme de simples produits facilement adaptables aux nouvelles tendances du marché. Pas de droit d’auteur sur les parfums juste le droit des marques. A qui appartiennent les formules d’ailleurs? Aux marques ? Aux maisons de compositions ? Aux parfumeurs ? Aux trois ? Quelqu’un peut me répondre ?
Je ne pense pas que cela soit une position passéiste que de vouloir garder, tant que faire se peut, les vieux parfums au plus proches de leur qualité d’origine. Tout en restant dans la réalité.
Il y a de très beaux parfums modernes et ceci sera ma conclusion pour aujourd’hui…
Rédigé par : Nathalie | 14 avril 2008 à 11:36
Vous avez tres bien resume la situation Nathalie. Les maisons de parfum, elles ont le droit de faire ce qu 'elles veulent dans le sens ou elles ne sont pas reglementees par des labels de qualite ou aucune certification. Quand elles commercialisent des parfums entierement reformules comme Arpege, elle jouent forcement sur le prestige du nom de ce parfum pour des raisons commerciales, alors la effectivement elles dupent le consommateur. Que le nouvel Arpege s 'appelle 'Arpege Diet' ou 'Arpege 2008' alors la ca me pose aucun probleme mais nous le vendre tel quel et le presenter comme authentique, non!
Ce genre de chose ce serait impossible avec le fromage, le vin, le Champagne, le foie gras et j 'en passe dans le genre parce que imaginez le scandale que ca ferait!
Je suis contente que vous citiez les "bases", c 'est vrai que ces bases etaient des melanges savants, autrefois la base Mousse de Saxe etait composee d 'un melange de isobutyl quinoline ainsi que d 'autres produits, aujourd 'hui c 'est reduit seulement a du isobutyl quinoline, donc on perd forcement en complexite et en beaute.
M 'enfin ce n 'est rien compare a ce qui nous attend dans le futur proche en matiere de legislation mais c 'est important de le dire, l 'industrie du parfum ne fait strictement rien en matiere de lobbying pour contrer ces legislations debiles de bureaucrates europeens.
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 14 avril 2008 à 17:39
Luca Turin vient de sortir son nouveau guide ici aux Etats-Unis. Je suis tres heureuse qu 'il aborde chaque critique de parfum classique en parlant des reformulations. Il a des mots tres durs et virulents contre Richard Fraysse pour ses reformulations chez Caron. Tous les parfums fontaines Caron sont tres mal notes et critiques. POur lui ces parfums n 'ont plus rien a voir avec les originaux, et Richard Fraysse n 'a rien a faire chez Caron, c 'est un imposteur. Quant a son Lady Caron et sa Tubereuse fontaine, deux parfums sans interet aucun.
Pour lui, les extraits du No 5 et de Joy sont assez integres par rapport aux originaux, il nous invite les acheter sans attendre au cas ou...il est encore temps.
Meme s 'il regrette la reorchestration de Rive Gauche en 2003, ca reste encore pour lui le plus beau des aldehydes floraux sur le marche.
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 16 avril 2008 à 07:27
Merci des ces informations Chant d’Amour! Turin je m’en méfie un peu à vrai dire, je trouve qu’il raconte pas mal de bêtises, mais c’est bien qu’il mette l’accent sur les reformulations… En tout cas une chose est sûre : son guide se vendra bien…
Rédigé par : Nathalie | 16 avril 2008 à 11:33
Absolument, il sait tres bien se vendre donc il faut en prendre et en laisser. D 'ailleurs j 'en profite pour dire que desormais il considere Mitsouko comme le plus grand et il est satisfait de la nouvelle reformulation (voir son article de 2004 que je vous ai laisse dans son integralite ci-dessus ou il pensait que Guerlain et Mitsouko c 'etait finit).
J 'avoue que certaines critiques m 'ont bien fait rire, les Paris Hilton sont des 'barf bags' (sacs pour vomir en avion), la ou je suis vraiment d 'accord, les Clean sont tous de grossieres horreurs sans nom...
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 16 avril 2008 à 16:47
Bonjour,
j'ai des problèmes actuels avec l'heure bleue, que je ne reconnais plus cette année ni en eau de parfum ni en eau de toilette, alors que mon flacon de l'an dernier me semblait conforme à celui que j'utilisais plus jeune, juste avant LVMH.
Je n'ai aps le livre de Luca Turin, que dit-il au sujet d'une éventuelle et fade reformulation de l'Heure Bleue?
Merci beaucoup.
Rédigé par : tambourine | 09 février 2009 à 14:56
Bonjour Tambourine,
Luca Turin ne parle pas de reformulation dans sa critique et l’Heure Bleu récolte cinq étoiles.
Je ne saurai me prononcer sur une éventuelle reformulation de ce parfum, mais en l’état actuel des choses et en tenant compte de tout ce qu’on a dit dans les discussions plus haut ceci ne serait vraiment pas étonnant.
Rédigé par : Nathalie | 10 février 2009 à 11:28