Les notes de tête sont joueuses et mutines, elles charment facilement, mais elles sont légères et infidèles. Celles de coeur, élégantes, raffinées, sophistiquées sont belles, elles séduisent, bien sûr, mais elles ne couchent pas. Ah non ! Mais vous n’y pensez pas ! Pour ça, de toute façon, vous pouvez compter sur les notes de fond : chaleur, animalité, sensualité, elles ont du chien et le revendiquent.
Ma sœur est une minimaliste, elle ne porte que deux parfums : Mitsouko et Lipstick rose. Ils sont très différents mais ont tous les deux en commun le fait de ne pas être mon genre.
A ce propos, j’ouvre une parenthèse : Soyez prudents avec les choses et les êtres qui ne sont pas votre genre, naturellement vous ne vous en méfiez pas et un jour comme Swann, vous vous dites en vous mordant les doigts : « Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre » Vous pouvez remplacer femme par « homme » ou par « parfum » cela marche aussi. Je ferme la parenthèse.
Avez-vous des exemples de parfums que vous admirez mais qui ne sont pas votre genre ?
Juste deux petites questions pour vous aujourd’hui :
Quel est pour vous…
La pire des odeurs ?
La meilleure des odeurs ?
A vous de jouer, allez, c’est très vite fait.
Aujourd’hui je porte Cipresso di Toscana d’ Acqua di Parma, une fougère aromatique sans aucune note stridente et aussi bien proportionnée qu’une statue grecque. Conjure des images de collines vertes griffées par la silhouette inquiétante des cyprès.
« Voyageur : ce cyprès qui se dresse
A un mètre de tes pieds et au sommet duquel
Un petit oiseau chante ses amours
Possède une âme fine sous une écorce dure.
Il s’élève si haut depuis le sol
Pour te donner une vision immaculée
Que si ton regard cherche sa cime
Tu butes, humain, contre le ciel. »
Alfonsina Storni
Et vous que portez-vous aujourd’hui ?
Dimanche, les Veveysans ont décidé du sort du Château de l’Aile. Le monument historique sera cédé pour un franc à un industriel qui s’est engagé à le rénover dans les règles de l’art. Le château restera une habitation privée.
Comment ne pas penser à Paul Morand puisque c’est dans cette magnifique bâtisse néogothique que lui et sa femme Hélène – la femme la plus trompée mais la plus aimée de Paris – ont passé les trente dernières années de leurs vies.
Loin des polémiques, arrêtons-nous cinq minutes face au lac et écoutons l’écrivain à l’humeur et à la plume vagabondes s’émerveiller, sur le marché de Gênes, un jour d’octobre 1938 : « Les fleurs ne prennent pas encore le train de cinq heures pour Paris et les brassées d’œillets ne coûtent que trois francs. Les cèpes de Ligurie, les châtaignes de Sospel, les noix de Grenoble dans leur écale dégringolent de leurs montagnes pour vous parler des premiers froids mais qui les écoute ? Les perdreaux rouges n’ont pas durci et les premiers chapelets de merles corses apparaissent en même temps que ces raisins framboisés qui n’en finissent pas de mûrir. » Paul Morand, Méditerranée, mer des surprises.
Nous avons reçu de nombreuses réponses à notre enquête - ouverte jusqu'au 14 juillet 2007 minuit - sur les passionnés du parfum et je tiens à remercier tout ceux et toutes celles qui ont pris le temps d’y répondre et même parfois de nous encourager. Je pense en particulier à Stéphanie qui nous a si gentiment ouvert les portes de son Forum Bulle de Lune et sans laquelle cette enquête n’aurait pas pu être réalisée. Merci du fond du coeur.
"Thank you" -- Dido
J’aime bien piocher dans ma boîte à échantillons et me faire un peu peur. Le but du jeu est de porter le premier parfum qui vient. C’est un peu comme la roulette russe, juste un peu moins dramatique (quoique ?). Bon, c’est vrai, j’avoue que parfois je triche un peu. Mais de temps en temps, j’ai de bonnes surprises aussi. L’autre jour, je suis tombée sur Amour de Kenzo. Un parfum relativement récent puisqu’il a été lancé en 2006.
Tout est paisible ou presque, dans le tableau qu’évoque cette fragrance. Quand je ferme les yeux, j’y vois une petite fille vêtue d’une jolie robe de coton blanc. Elle mange les dragées qu’elle a reçues au baptême de son petit frère. Couchée sur le ponton de bois qui s’avance un peu sur l’étang, où se reflète un ciel laiteux et où nagent quelques carpes, elle chantonne une comptine. Sa mère est assise un peu plus loin sous les cerisiers en fleurs et allaite son bébé. La fête est finie, tout est calme et suspendu. Le parfum floral de la jeune femme et l’odeur de poudre pour bébé et de pain frais du nourrisson se mêlent au vent léger. Le bois du ponton, chauffé par le soleil rasant exhale une vapeur sèche qui vient souligner d’un trait noir, un peu rugueux, la blancheur sucrée de cette fin d’après-midi. Tout cela serait l’image même du bonheur sans cette note légèrement discordante, que mon nez n’arrive pas à identifier et qui joue ici le rôle du gros bourdon que l’on ne parvient pas à chasser et qui effraie les enfants. A part ce trouble fête, l’ensemble est doux et serein. Un peu évanescent mais innocent et tendre. Opaque et blanc comme une dragée, amidonné et propre comme une robe de baptême.
Le manque de place m’oblige à faire régulièrement de l’ordre dans mes affaires. Cette activité me prend toujours beaucoup plus de temps que prévu, parce que je redécouvre revues et livres que j’avais oubliés et je m’attarde à les feuilleter. Par exemple hier, je suis tombée sur un recueil d’articles que Jean Hadorn, alors directeur de l’école de parfumerie de Givaudan, écrivait pour le journal de cette entreprise. Dans l’une de ces anecdotes, il évoque le voyage d’étude en Provence d’un marchand parfumeur parisien en 1827. Ce monsieur nommé Boussaret relata son périple dans un journal dont voici un extrait :
Bon, Caro, on y va à ce concert ou pas ?
"Gimme Shelter " The Rolling Stones
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