Le manque de place m’oblige à faire régulièrement de l’ordre dans mes affaires. Cette activité me prend toujours beaucoup plus de temps que prévu, parce que je redécouvre revues et livres que j’avais oubliés et je m’attarde à les feuilleter. Par exemple hier, je suis tombée sur un recueil d’articles que Jean Hadorn, alors directeur de l’école de parfumerie de Givaudan, écrivait pour le journal de cette entreprise. Dans l’une de ces anecdotes, il évoque le voyage d’étude en Provence d’un marchand parfumeur parisien en 1827. Ce monsieur nommé Boussaret relata son périple dans un journal dont voici un extrait :
Beaucaire 27 juillet 1827
« J’ai quitté Grasse un peu à regret tant j’y ai trouvé d’attraits. J’aime les montagnes qui la dominent, j’aime la plaine qui s’étend au pied de son coteau, j’aime la chaleur qu’on y trouve, tempérée à toute heure par la brise de mer. Que dire du cachet tout particulier de la ville, de ses maisons blanches ou roses accrochées au flanc de la colline d’où jaillissent les sources fraîches qui alimentent de nombreuses fontaines ! Comment parler de ses rues tortueuses, de ses venelles étroites, de ses traverses coupant de délicieuses places ombragées d’ormes ou de micocouliers.
Mais surtout, Grasse reste à mes yeux, plus qu’à ceux de tout autre, la cité des parfums, celle qui traite la grande moisson parfumée de toute la contrée. Elle embaume en ce mois de juillet la rose et le jasmin. J’y ai vu les récoltants amenant leur cueillette odorante aux distillateurs. J’ai appris de ceux-ci qu’ils chargeaient les huiles parfumées obtenues, sur des bateaux au port de Nice et que ces bateaux longent la côte, puis remontent le Rhône pour se rendre à Beaucaire pour la grande foire qui se tient au début de l’été. Cette foire est pour eux le meilleur débouché commercial qui soit, et cela m’a donné l’idée de la voir de plus près, m’y voici donc ! »
Cela fait rêver, non ?
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