J’aime bien piocher dans ma boîte à échantillons et me faire un peu peur. Le but du jeu est de porter le premier parfum qui vient. C’est un peu comme la roulette russe, juste un peu moins dramatique (quoique ?). Bon, c’est vrai, j’avoue que parfois je triche un peu. Mais de temps en temps, j’ai de bonnes surprises aussi. L’autre jour, je suis tombée sur Amour de Kenzo. Un parfum relativement récent puisqu’il a été lancé en 2006.
Tout est paisible ou presque, dans le tableau qu’évoque cette fragrance. Quand je ferme les yeux, j’y vois une petite fille vêtue d’une jolie robe de coton blanc. Elle mange les dragées qu’elle a reçues au baptême de son petit frère. Couchée sur le ponton de bois qui s’avance un peu sur l’étang, où se reflète un ciel laiteux et où nagent quelques carpes, elle chantonne une comptine. Sa mère est assise un peu plus loin sous les cerisiers en fleurs et allaite son bébé. La fête est finie, tout est calme et suspendu. Le parfum floral de la jeune femme et l’odeur de poudre pour bébé et de pain frais du nourrisson se mêlent au vent léger. Le bois du ponton, chauffé par le soleil rasant exhale une vapeur sèche qui vient souligner d’un trait noir, un peu rugueux, la blancheur sucrée de cette fin d’après-midi. Tout cela serait l’image même du bonheur sans cette note légèrement discordante, que mon nez n’arrive pas à identifier et qui joue ici le rôle du gros bourdon que l’on ne parvient pas à chasser et qui effraie les enfants. A part ce trouble fête, l’ensemble est doux et serein. Un peu évanescent mais innocent et tendre. Opaque et blanc comme une dragée, amidonné et propre comme une robe de baptême.
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