Autre nouveau venu sur l’échiquier de la parfumerie, Heuxlay, qui inventa « Intérim ». Corollaire pervers de « Près du cœur », ce parfum était également destiné aux femmes esseulées, mais plutôt à celles pour qui la solitude devenait parfaitement insupportable, au point qu’elles envisageaient de changer de situation et de trouver un … intérimaire. Mais tous les parfumeurs ne partageaient pas ce cynisme. (Cliquez ci-dessous pour lire la suite).
Au même moment, le Galion proposa « Brumes », un parfum épais, lourd, chaud, presque un parfum-vêtement pour compenser le manque de calories dû au rationnement et adoucir l’atmosphère. Sur l’étiquette, un joli visage féminin, comme « embrumé », presque triste, et correspondant à une gamme d’odeurs qui restera classique jusqu’à la fin des années 50, c’est-à-dire jusqu’à la fin des restrictions.
En 43, l’on verra apparaître des créations aux noms encore plus nettement mélancoliques, « Attente » de Verlayne ou « En attendant » de la grande couturière Bruyère. Au lancement de « Signature », un parfum de Carrère, Colette accepta de prêter la sienne. D’opaline blanche, le flacon semblait sortir du siècle précédent … Autant d’objets de grand luxe qui étaient réservés à un infime partie de la population. Une des trouvailles de l’époque fut d’ailleurs d’aller faire remplir son flacon. C’est ainsi que l’on vit de longues files d’attente sur le trottoir pair des Champs-Elysées. : devant le magasin Guerlain. Sur les emballages de « Numéro Cinq » de Molyneux, une leçon de civisme était offerte en prime aux élégantes : « Rapporter ce flacon est un devoir pour l’économie de la nation ». Enfin, après tant d’attentes et de « En attendant » », vint l’heure de la Libération et, du même coup, une avalanche de flacons aux titres triomphants. Tandis que Madeleine Vrammant, couturière alors célébrissime, baptisait « Cocardière » sa nouvelle senteur, un certain Athias lançait à Alger, tout bêtement, « Libération » et la maison Legrain déposait le nom d’ « Armistice ». L’on peut se demander, en revanche, quel pouvait être en cette période d’euphorie le succès de « l’Arme secrète » mise au point par un dénommé Verglas. Il était temps de redécouvrir le monde avec « Visa » de Robert Piguet. Dans les premiers jours de 1945, Jean Patou proposa « L’heure Attendue ». La vie recommençait.
Source : Norbert Morali | Invitation à l'un des sens
tres interessant, merci je ne connais pas les petites lignes de l'histoire, ces lignes parfumées, donc un grand merci
Rédigé par : vero59 | 09 septembre 2008 à 16:05