« En attendant », « Près du cœur », « Malgré tout » … Les parfums codent leurs messages pour mieux témoigner de leur temps et raconter les histoires de l’Histoire. L’exemple le plus flagrant : l’Occupation, pendant laquelle les créations des parfumeurs reflètent à travers leur noms, leurs flacons, leurs fragrances, les combats et les espoirs d’une France captive. Cliquez ci-dessous pour lire la suite.
« Si les noms des parfums se voulaient avant la guerre poétiques, évocateurs, souriants ou ambigus – « Vœu de Noël » de Caron en 1939, « Latitude 50 » de Revillon, « Peut-être » de Lancôme, « Prétexte » de Lanvin en 1937 … - jamais ils ne furent aussi chargés de sens qu’au début du conflit. En 1940, le mot « Danger » apparaît dans tous les journaux de mode ! C’est, collant à l’actualité, le nom qu’a choisi le parfumeur Ciro pour sa dernière création. L’année suivante, la firme américaine Harriet Hubbard Ayer lance simultanément « Malgré tout » et « Je chante ». Flacons jumeaux, en parfaite harmonie avec le design de l’époque, que les « réclames » présentent en gros plan, rendant inévitable l’association optimiste des deux noms. Placé en arrière-plan, un orgueilleux coq gaulois en grisaille fournit la note originale et patriotique, à l’image du singulier patriotisme de la France du Maréchal. En créant avant la guerre « Sleeping », la maison Schiaparelli ne se doutait pas que ce parfum allait connaître une gloire imprévue pendant la guerre, ce nom devenant en quelque sorte le symbole de la nation endormie. Alors que « Sleeping » survécut à l’Occupation malgré la consonance anglo-saxonne de son appellation, Jeanne Lanvin, en revanche, crut bon de traduire par « Mon péché » son déjà célèbre « My sin », pensant peut-être qu’elle toucherait plus facilement les Français anglophobes.
En marge de ces grandes marques, d’innombrables petits parfumeurs envahirent le marché, lançant à grands fracas de réclames des flacons aux intitulés plus ou moins évidents. En 41, toute une page de Plaisir de France fut consacrée à l’annonce de « Près du cœur ». Créé par Pierre Dune, ce nouveau parfum était dédié à la femme esseulée. Un des faces du flacon était d’ailleurs conçue pour recevoir une photo de l’homme aimé, absent pour des raisons aisément devinables. Le pourtour enluminé de verre pressé et rehaussé d’or faisait de l’ensemble une manière de cadre à poser toujours « Près du cœur ».
Source : Invitation à l’un des sens | Norbert Morali
j'aime beaucoup ce concept 'pres du coeur", cette periode a du etre tres dure, et le parfum pouvait etre un ami reconfortant, peut etre en sentant sur un mouchoir ou en portant le parfum de l'epoux parti
Rédigé par : vero59 | 29 août 2008 à 20:57
Voeu de Noel (1941) mais surtout Le Tabac Noir (1943) refletent au mieux cette periode qui fut tres dure pour Caron, la seule maison de parfum qui a frole la confiscation et la liquidation par les autorites politiques puisque Ernest Daltroff etait juif, heureusemnt refugie aux Etats-Unis ou il etait devenu citoyen americain depuis quelques annees deja. Malheureusement il mourut en 1941 et ne saura pas que l 'amerique qu 'il a tant aime (il residait a New York six mois de l 'annee des la fin des annees 20), a libere la France et l 'Europe.
Rédigé par : emmanuella | 03 septembre 2008 à 06:16
* Voeu de Noel (1939)
Rédigé par : emmanuella | 03 septembre 2008 à 06:23