La gourmandise avec la curiosité est une autre grande qualité. Les gourmands, parfois, sont aussi un peu malicieux… Ce texte de Georges Duhamel l’illustre bien… Je vous laisse savourer :
« Le jour que nous reçûmes la visite de l'économiste, nous faisions justement nos confitures de cassis, de groseille et de framboise. (cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)
L'économiste, aussitôt, commença de m'expliquer avec toutes sortes de mots, de chiffres et de formules, que nous avions le plus grand tort de faire nos confitures nous-mêmes, que c'était une coutume du moyen âge, que, vu le prix du sucre, du feu, des pots et surtout de notre temps, nous avions tout avantage à manger les bonnes conserves qui nous viennent des usines, que la question semblait tranchée, que, bientôt, personne au monde ne commettrait plus jamais pareille faute économique.
Attendez, monsieur! m'écriai-je. Le marchand me vendra-t-il ce que je tiens pour le meilleur et le principal?
Quoi donc? Fit l'économiste.
Mais l'odeur, monsieur, l'odeur! Respirez : la maison toute entière est embaumée. Comme le monde serait triste sans l'odeur des confitures!
L'économiste, à ces mots, ouvrit des yeux d'herbivore. Je commençais de m'enflammer.
Ici, monsieur, lui dis-je, nous faisons nos confitures uniquement pour le parfum. Le reste n'a pas d'importance. Quand les confitures sont faites, eh bien! Monsieur, nous les jetons.
J'ai dit cela dans un grand mouvement lyrique et pour éblouir le savant. Ce n'est pas tout à fait vrai. Nous mangeons nos confitures, en souvenir de leur parfum ».
GEORGES DUHAMEL, Fables de mon Jardin(7ème édition, Mercure de France, Paris, 1936)
Très joli texte! Je suis un fervent défenseur des parfums gourmands (pour moi Pink Sugar est un classique). Leur pouvoir émotionnel est réellement puissant.
En associant non seulement l'olfaction mais aussi le goût, ils ont plus qu'aucun autre parfum, cette facilité à nous transporter loin dans le temps.
Et avec souvent une précision remarquable.
Rédigé par : Le critique de parfum | 15 janvier 2008 à 16:37
hmmm ces senteurs de confitures ca m 'a donne l 'eau a la bouche et l 'envie folle de porter Rousse de Serge Lutens qui s 'est inspire des odeurs de son enfance, celles des patisseries et des confitures gourmandes de sa grand mere!
* LCDP que voulez-vous dire par ce brouhaha "ils ont plus qu'aucun autre parfum"?
Rédigé par : Aline et Valcour | 16 janvier 2008 à 09:55
Ah ! Mais les gourmands n’ont pas trop besoin de défenseurs. Je crois que tout le monde leur reconnaît leur statut de grands parfums… ? La critique dont ils sont souvent victimes ces derniers temps vient de leur surnombre qui a provoqué, du moins chez moi, un certain haut le cœur. Des desserts, oui, mais de temps en temps… C’est vrai, ces parfums sont pas définition reliés à l’enfance aux biscuits, gâteaux, pop corn et autres friandises. On a tous des moments ou l’on ressent l’envie de leur douceur sucrée qui enveloppe et protège. Je suis très très loin de les avoir tous essayé, mais ma référence reste tout bêtement Angel, parfum que j‘ai d’abord aimé et porté (il y a longtemps) puis détesté, et qu’aujourd’hui j’apprécie de plus en plus. Il possède une vraie épaisseur, celle des forêts noires gorgées de crème. Il dégouline de tous les côtés, fruité, miellé, vanillé, sucré, c’est bien une gigantesque barbapapa qui se matérialise devant nous et qui nous colle aux doigts, doigts que l’on lèche avec un ravissement non dissimulé. Un plaisir totalement régressif. Pour ma part, je le porte rarement, j’ai toujours préféré le salé au sucré… Mais c'est vrai, les gourmands sont de véritables anti-dépresseurs et nous incite à garder une âme d’enfant, c’est définitivement une grande famille de la parfumerie.
Rédigé par : Nathalie | 16 janvier 2008 à 13:30
Coucou Nathalie! Malheureusement je n'ai pas l'impression que les gourmands soient encore reconnus comme de grands parfums. Le terme "gourmand" n'est d'ailleurs que rarement utilisé lors d'un lancement. On cache encore pudiquement le sucre dérrière des fleurs ou du bois.
Et chez les fans de parfums, un iris sera pris beaucoup plus au sérieux qu'une vanille par exemple. Bizarre.
Ils souffrent encore d'un large discrédit même si les choses évoluent grâce à des gens comme Serge Lutens qui fait pas mal de gourmands mine de rien (confiseries, fruits confits...)
Je vais bientôt faire un article sur un parfum à la FRAISE d'une élégance folle! Qui l’eût cru?
Rédigé par : Le critique de parfum | 17 janvier 2008 à 12:55
c 'est vrai que les gourmands sont pas pris au serieux, personne ne pense qu 'on puisse sortir un chef d 'oeuvre a la vanille ou la fraise! maintenant ils se vendent bien (en-dessous des fruity florals quand meme).
les "experts" crient au genie quand Lutens sort un ambre, un epice ou un boise mais des qu 'il sort des senteurs doucatres et gourmandes on parle d 'un relachement creatif comme si c 'etait trop bas pour lui de toucher a la gourmandise!
en revanche il est le seul parfumeur a faire autre chose que la framboise, du chocolat et de la vanille en sortant des sentiers battus olfactifs avec le miel, la cannelle, l 'amande, des melanges epices/notes confites ou caramelisees etc.
Rédigé par : Aline et Valcour | 17 janvier 2008 à 18:45
Un parfum à la fraise d’une élégance folle. Mais vous me mettez l’eau à la bouche cher LCDP, je piétine d’impatience, jusqu’à présent fraise ne rimait pas avec élégance pour moi mais j’attends toujours d’être étonnée.
Oui, peut être que la famille des gourmands est méprisée chez les amateurs de parfum… Angel ne bénéficie pas de beaucoup d’articles et d’avis positifs chez les passionnés. Victime de son succès certainement, puisqu’il existe et c’est indéniable, un certain snobisme olfactif qui consiste à dire que si un parfum est un grand succès il est forcément banal ou médiocre. Je pense que c’est faux, et que les gens, savent instinctivement reconnaître les belles proportions que cela soit dans un parfum ou dans un tableau etc. Chez les professionnels, je ne sais pas comment sont perçus les gourmands, mais je crois que tout le monde reconnaît à cette famille de belles créations qui ont tout à fait leur place dans l’histoire de la parfumerie et de ses tendances. En tout cas, dans le cadre de ma formation, j’ai dû reproduire et apprendre la structure de base d’Angel… Les grands parfums sont toujours un peu en rupture avec leur temps, c’était le cas d’Angel en son temps, aujourd’hui on attend une autre rupture dans cette valse de notes gourmandes et alimentaires… ce qui n’empêchera pas les parfumeurs de nous donner encore de belles interprétations dans cette généreuse famille…
Rédigé par : Nathalie | 18 janvier 2008 à 14:44
dans l 'Histoire de la parfumerie francaise je sais plus ou j 'ai lu ca (je crois que c 'est Jean-Claude Ellena mais pas sure), des le debut les notes fruitees et gourmandes ont ete percues comme etant de mauvais gout.
maintenant il y a gourmandise et gourmandise, Angel en ce qui me concerne m 'ecoeure, je trouve son sillage envahissant presque vulgaire, en revanche s 'ils sont executes avec finesse j 'aime porter des gourmands comme Rahat Loukoum ou Louve.
Rédigé par : Aline et Valcour | 18 janvier 2008 à 21:32
Oui Nathalie, c'est ridicule de cataloguer un best-seller comme "fade" ou commun parce qu'il est très porté.
Quel manque de discernement!
Rédigé par : Le critique de parfum | 19 janvier 2008 à 19:52
vous savez Mme.
J'ai lu ce texte en classe avec mes camrades et le professeur nous a demandé de le transformer en une pièce théâtrale.
est ce que vous pouvez m'aider à faire ce projet? S'il vous plaît?
Rédigé par : imane | 05 avril 2008 à 17:35
Malheureusement Imane je ne pourrai pas vous aider. J'ai énormément de travail et très peu de temps libre. Peut être pourriez vous demander de l'aide à votre professeur?
Bonne chance en tout cas!
Rédigé par : Nathalie | 07 avril 2008 à 12:45