Non, ce n'est pas un nouveau parfum mais un poème de l'ami Verlaine. D'ailleurs, comme le relève ce texte, le dahlia n'exhale aucune odeur...
Courtisane au sein dur, à l'oeil opaque et brun
S'ouvrant avec lenteur comme celui d'un boeuf,
Ton grand torse reluit ainsi qu'un marbre neuf.
Fleur grasse et riche, autour de toi ne flotte aucun
Ârome, et la beauté sereine de ton corps
Déroule, mate, ses impeccables accords.
Tu ne sens même pas la chair, ce goût qu'au moins
Exhalent celles-là qui vont fanant les foins,
Et tu trônes, Idole insensible à l'encens.
- Ainsi le Dahlia, roi vêtu de splendeur,
Elève sans orgueil sa tête sans odeur,
Irritant au milieu des jasmins agaçants!
Paul Verlaine, Un Dahlia, Poèmes saturniens
Cet histoire de Dahlia sans odeur me rappelle une histoire qui m'est arrivée avec l'asphodèle.
L'asphodèle non plus n'a pas d'odeur, pourtant elle a une place récurrente dans la mythologie grecque, parfois comme fleur odoriférante. De même que Victor Hugo avait écrit : "Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle".
http://perfumeshrine.blogspot.com/2006/10/sleeper-in-valley.html
Jusqu'à ce papier, qui m'a fait comprendre (sans pour autant donner de source) que l'asphodèle des anciens pourrait très bien être notre "narcissus poeticus" de la parfumerie.
Pour preuve l'étymologie anglaise de "daffodil" qui est un nom générique pour les jonquille et les narcisses. "Daffodil" qui se rapproche furieusement "d'asphodèle"...
La ressemblance des fleurs, et l'absence de taxonomie à l'époque, viennent conforter cette confusion.
Ainsi, l'asphodèle, le symbole, la fleur poétique, la fleur infernale, a une odeur cachée au profane.
Rédigé par : JulienFromDijon | 13 mai 2009 à 01:24