Autrefois une femme choisissait un parfum pour la vie. Elle le transmettait à sa fille comme un héritage précieux. Aujourd’hui, dans une société avide de nouveautés, les parfums défilent et s’oublient aussi vite qu’ils sont venus. Peu retiennent l’attention, peu aussi, sont mis en valeur. Ce ne sont que des produits clinquants, sur des étagères trop éclairées, trop chaudes, et alignés comme des gels douche.
Parfois on y découvre des (ex ?) splendeurs du passé, un Chanel 5, un Shalimar, un Mitsouko. Ces beautés, qui faisaient rêver les femmes et qu’elles portaient avec fidélité, finissent tristement leurs jours, dans des magasins sans âmes.
Si, comme le prétend Luca Turin, les parfums sont des anges, ne sont ils pas déchus ? Dans les grandes enseignes de distribution, bondées, aussi chaudes que l’anti-chambre de l’enfer, des vendeuses très maquillées mais mal renseignées, vous présentent les nouveautés avec un sourire mécanique.
J’exagère ? A peine.
Quand on demande un classique, les yeux s’écarquillent, parfois on vous fait répéter, et souvent, on vous répond par la négative avec un air embarrassé, comme s’y vous aviez proféré une grossièreté. J’ai même entendu de la bouche d’une responsable de parfumerie « Ce sont des vieilles marques « ça », (en l’occurrence, Patou et Carven) cela n’intéresse plus les concessionnaires! Cela ne se vend pas bien. Par contre, j’ai pleins de nouveautés à vous proposer ! »
Comment cela se fait il, que l’histoire de la parfumerie, celle des belles marques et des grands parfums, ait tellement de mal à se frayer un chemin, jusqu’aux parfumeries ? N’est ce pas là, justement, tout en bout de chaîne, et comme une manière de faire perdurer le rêve, qu’elle devrait être le mieux mise en valeur ?
vous avez entierement raison, mais je mettrais un bemol. En effet, nous sommes inondés de parfums bonbons, mievres, sans personnalités mais...cela a tout de meme permis de democratiser le parfum. Il y a de nombreuses années, seule une clientele aisée pouvait se permettre le luxe d'acheter du parfum, de produit elitiste, il est devenu produit de consommation et ça je ne le regrette pas.
Je n'aurais jamais pu acceder a cet univers s'il n'y avait pas eu le massmarket qui m'a permis de m'engouffrer dans cette voie.
Bien sur, d'abord de simples "sent bon", quand on a pas un nez exercé ou que l'on n'est pas dans une famille passionnée de parfums ou encore qui n'a pas de moyens, il faut bien commencer quelque part.
Mes parents ayant du mal a joindre les 2 bouts, je n'ai jamais vu maman ou papa porter de "grands parfums", des edt yves rocher sans pretention ou un simple after shave a l'epoque.
Enuite la passion, la recherche de quelquechose d'autre, vient ou pas. Une grande majorité de la population se contente de sent bon qui changent 3 fois par an, paraissent et disparaissent aussitot. Une petite partie, dont je suis, "sent" qu'il y a quelquechose au dessus, de plus beaux parfums, enfin de vrais parfums et la, a nous de faire notre exploration et de chercher de plus en plus au dela du marketing, les parfums anciens ou les parfums dit de niche (et la, il faut encore faire un gros tri, la parfumerie de niche devient "à la mode").
alors oui le parfum est devenu une marchandise que l'on vend comme un paquet de lessive, mais merci a ce marché de masse qui a entrouvert la porte du paradis, c'est en passant par ce chemin de "sent bons" pour tout le monde que j'ai pu faire mon petit sentier dans le parfum "oeuvre d'art"
Rédigé par : vero59 | 26 août 2008 à 16:03
Oui le massmarket a permis à tout un chacun de découvrir et de porter de beaux parfums, vous avez raison de le souligner Véro. En plus, il y a de jolis parfums dans des marques sans prétentions, ils ont leurs places sur les étagères comme les grands classiques. On a pas toujours envie de porter un grand parfum.
Je voudrais juste ajouter que rendre quelque chose abordable ne veut pas dire le brader. Coty disait : "Donnez à une femme le meilleur produit que vous puissiez préparer, présentez-le dans un flacon parfait d'une belle simplicité, mais d'un goût impeccable, faites le payer un prix raisonnable, et ce sera la naissance d'un grand commerce tel que le monde n'en a jamais vu." Il parlait du « meilleur produit qui soit (..) d’un goût impeccable », d’un « flacon parfait » Je crois que tout cela a été, plus ou moins, (il y a des exceptions), passé à la trappe.
Ici, je voulais, surtout, mettre en évidence, le fait, que dans certaines parfumeries, les beaux parfums modernes ou anciens, qui existent, pâtissent de l’ambiance délétère qui y règne. Bien sur les parfums y sont abordables et les connaisseurs comme vous, savent déterminer lesquels valent la peine d’être achetés ou découverts.
J’ai assisté une fois, en témoin discret, à une mini-formation dans une parfumerie. La responsable se basait sur le communiqué marketing de la marque pour enseigner à sa nouvelle recrue comment parler de tel ou tel parfum. C’était drôle et en même temps triste. Peut être que je suis un peu idéaliste, c’est vrai, je le reconnais, mais je ne peux m’empêcher de rêver…
Dans les magasins de disques, la plupart des gens achètent des nouveautés, le dernier tube à la mode, parfois ils achètent aussi un classique. Si vous demandez à un vendeur ou se trouve Mozart, il ne va pas ouvrir des yeux tout ronds d'étonnement,ou il ne va pas dire, "c'est vieux ça, cela ne marche plus", Prenez plutôt une nouveauté..." En parfumerie les choses sont différentes et parfois je le déplore...
Je pense que la parfumerie est très riche, d’histoire et d’histoires, de culture, de beauté, et qu’elle ne sait pas mettre en avant ses véritables atouts. Elle est tombée dans le piège du marketing à outrance... D’où une sorte de lassitude générale et... une chute des ventes.
Mais ne soyons pas trop pessimistes, vous avez parfaitement raison, chacun peut faire son chemin vers la beauté que ce soit en parfumerie ou dans d'autres domaines...
Merci de vos commentaires! :)
Rédigé par : Nathalie | 26 août 2008 à 17:27