Décrypter un parfum ne nuit il pas à son appréciation ? Souvent lorsqu’on se concentre sur les notes, c’est un peu comme si on regardait un tableau de très près, on voit les traces de pinceau, les couches, l’épaisseur mais pas forcément la représentation.
Bien sur s’approcher d’une œuvre et admirer la technique de l’artiste est toujours fascinant, en suivant les notes pas à pas, on est impressionné par le savoir faire du parfumeur et ravi de reconnaître telle ou telle matière, mais parfois, certains parfums, où peut être même tous, s’apprécient mieux de loin, il ne s’agit pas ici d’un éloignement géographique (encore que) mais plutôt intellectuel, je ne sais pas si je me fais bien comprendre?
Un exemple : Le dernier Hermès, Un Jardin après la Mousson : Je l’ai testé plusieurs fois sur ma peau et j’étais tellement attentive à l’enchaînement des notes que l’ensemble m’échappait. Aujourd’hui, et avec du recul, il m’apparaît comme une sorte de grand lys abstrait, une évocation d’un lys avec ses aspects mouillé, épicé, fruité et fleurs blanches.
Ce recul, cette saisie du parfum dans son ensemble m’a aidé à le comprendre vraiment, non pas dans sa structure ou ses articulations mais dans son intégrité. C’est seulement ainsi que je peux finalement me prononcer sur un parfum et dire j’aime ou je n’aime pas.
Tout à fait Nathalie! "Suranalyser" un parfum n'est jamais une chose à faire pour l'apprécier. Tout comme un tableau ou un vin...
Même pour le décrire d'ailleurs : un parfum c'est souvent une seule idée générale, le tout est de la capter.
Votre remarque concernant la complexité de Un Jardin après la Mousson me fait particulièrement plaisir : beaucoup confondent "complexité" et "opulence".
Et c'est fort dommage.
Rédigé par : Le critique de parfum | 13 juin 2008 à 13:05
Enfin quelqu'un qui pense comme moi! Ce que vous dîtes me rassure. Parce qu'il est vrai que la tendance aujourd'hui et à la décortication des parfums, on veut savoir comment ils sont faits, par qui, pourquoi, avec quelles matières... Comme si après cela on le sentait mieux, comme si on ne pouvait pas l'appréhender de façon plus simple. Au fond, qu'est ce qui compte pour celui qui porte le parfum? Ses impressions, ou sa capacité à énumérer de façon exacte la composition de la fragrance?
Chacun est libre de répondre, mais je crois que comme vous, ce qui importe le plus, c'est les sentiments qui se déclenchent lorsqu'on porte une création. Et pour cela, nul besoin d'être un expert.
Comprenez-moi bien, je ne dis pas qu'il ne faille pas travailler son olfaction et chercher, parfois, à découper une fragrance, en cela, j'admire votre travail. Mais, comme vous le dîtes, l'inverse est aussi important. Car lorsque l'on porte un parfum, on vit avec lui, il ne faut pas avoir à se concentrer pour l'apprécier ou le comprendre.
Rédigé par : Poivrebleu | 14 juin 2008 à 00:33
je suis aussi d'accord, un parfum s'apprecie dans un ensemble et non dans un succession et decortication de notes.
quand je decris un parfum sur un forum, ces ont des images qui me viennent, des couleurs, des sensations, des toucher, des matieres...une vision qui m'est personnelle, et qui peut etre totalement differente de celle de qq d'autres
mais j'aime aussi lire des "decortications" de parfum qui sont tres bien ecrites par d'autres forumeuses, cela me permet de me faire une idee plus precise d'un parfum que je ne connais pas
Rédigé par : vero59 | 14 juin 2008 à 22:13
==> LC, un jardin après la mousson est une belle évocation, très réussie, d’un jardin mouillé, c’est de loin mon préféré des trois jardins d’Hermès.
La suranalyse est un piège dans lequel je tombe facilement. à cause de ça, je ne suis plus dans le plaisir mais dans l’intellectualisation, ou même je devrais dire ; dans la crispation.
==> Poivre Bleu, c’est vrai que ce qui compte le plus c’est les sentiments qui se déclenchent lorsqu’on porte une création et l’expertise ici peut même parfois représenter un obstacle.
==> Véro, j’aime aussi beaucoup lire les décortications qui donnent, c’est vrai, une idée plus précise du parfum.
Rédigé par : Nathalie | 16 juin 2008 à 11:09
Je crois que les deux sont complémentaires, il y a des moments où un parfum nous prend et on en parle en vrac, et d'autres où il retient notre attention (j'aime? j'aime pas?) et là on essaie de le décortiquer pour en savoir plus.
Je parle rarement des composants quand je décris un parfum, ça arrive bien sûr mais ça n'est pas ma priorité...je donne mon sentiment , ce à quoi il me fait penser, les images qui me viennent....
Je n'ai toujours pas senti ce Jardin.....
Rédigé par : Bulle | 18 juin 2008 à 11:40