Hier soir, dans la brise tiède est passé un lilas. Je suis restée pétrifiée par sa beauté diaphane et brillante. Doucement sans bruit, la nuit s’est éclairée d’un voile de soie brillante. Très vite sur les ailes du vent, le lilas est reparti. J’ai alors pensé à ce poème de Charles Cros et à sa dernière stance : « Mais mon cœur renaît aux lilas »
Dans les parfums je n’aime pas trop la note lilas. Je le préfère "dénoué" dans le vent. Il parait que celui d' Olivia Giacobetti « En passant » est très beau. Je ne le connais pas, Hélas!
Et vous quels sont vos lilas préférés ?
Lilas
Ma maîtresse me fait des scènes.
Paradis fleuri de lilas
Je viens humer tes odeurs saines.
Les moribonds disent : Hélas !
Les vieux disent des mots obscènes
Pour couvrir le bruit de leurs glas.
Dans le bois de pins et de chênes
Les obus jettent leurs éclats.
Victoire ? Défaite ? Phalènes.
Pluie améthyste les lilas,
Sans souci d'ambitions vaines,
Offrent aux plus gueux leurs galas.
La mer, les montagnes, les plaines,
Tout est oublié. Je suis las,
Las de la bêtise et des haines.
Mais mon coeur renaît aux lilas.
Charles Cros
Bonjour, et merci pour ce poème. Mais ce "Se viens" aux deuxième vers me chiffonne: "Je viens" me paraîtrait plus conforme à la logique, à l'orthographe, et même à Charles Cros...
Je vois toutefois que ce "Se viens" est attesté par de nombreux sites. Je soupçonne cependant une coquille.
:-)
Quant au parfum "En Passant", j'ai pu le sentir il y a quelques jours dans une colonne de la boutique rue de Grenelle. Il est en effet très beau, davantage comme un jardin ou flotte le parfum du lilas que comme un lilas seul. Il a, en tous cas pour moi, ce pouvoir de réveiller les souvenirs enfouis de l'enfance : un jardin à campagne au printemps, l'herbe humide sous l'ombre fraîche d'un grand noyer, et, non loin, le lilas en fleurs. Rarement un parfum m'avait semblé aussi figuratif, aussi proche d'un tableau olfactif, au point que si la chose était possible, on aurait autant envie de l'accrocher au mur que de le porter ou de le sentir sur quelqu'un.
Henri
Rédigé par : henri123 | 25 avril 2008 à 14:42
Bonjour Henri
En effet ce « se viens » fait mal aux yeux, le copier coller a ses désavantages. :D Merci! Je n’ai pas l’original sous la main mais en le cherchant dans mes bouquins je suis tombée sur un autre poème de Cros que j’ai trouvé charmant et tout à fait de saison aussi :
Au printemps, c’est dans les bois nus
Qu’un jour nous nous sommes connus.
Les bourgeons poussaient, vapeur verte.
L’amour fut une découverte.
Grâce aux lilas aux muguets,
De rêveurs nous devînmes gais
Sous la glycine et le cytise,
Tous deux seuls, que faut-il qu’on dise ?
Nous n’aurions rien dit, réséda,
Sans ton parfum qui nous aida
Charles Cros
Je n’entends que du bien de ce « En passant », il faut que je me le procure. La fée Giagobetti aurait elle réussi à capturer l'âme du lilas?
Rédigé par : Nathalie | 25 avril 2008 à 18:34
J'adhère tout à fait à ce que dit Henri: un lilas ravissant, tout nimbé de rosée, la senteur d'un jardin portée par le vent, un parfum-poésie, profondément impressionniste... il est vraiment très beau. En Passant est mon lilas de prédilection!
Rédigé par : Six' | 25 avril 2008 à 20:34
Tout à fait charmant en effet. Je connais fort mal Charles Cros, mais cela donne envie d'aller y voir de plus près.
Un petit Verlaine qui pourrait faire suite au Charles Cros, et qui, me semble-t-il, reste dans le ton:
Cythère
Un pavillon à claires-voies
Abrite doucement nos joies
Qu’éventent des rosiers amis ;
L’odeur des roses, faible, grâce
Au vent léger d’été qui passe,
Se mêle aux parfums qu’elle a mis ;
Comme ses yeux l’avaient promis,
Son courage est grand et sa lèvre
Communique une exquise fièvre ;
Et l’Amour comblant tout, hormis
La faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures.
... Et quel parfum avait-elle mis, à votre avis?
Rédigé par : henri123 | 26 avril 2008 à 12:23
@ Six, en lisant ta très belle description sur ton site, je me suis dit que j’aurais du le sentir lors de mon passage rue Grenelle… Une erreur à réparer au plus vite… :)
@ Henri, à l’époque le trio infernal de la parfumerie : Coty, Daltroff et Guerlain (Jacques) n’avais pas commencé à sévir… J’y verrai plutôt l’odeur d’une simple savonnette mêlée à celle d’Iris et de violette de la poudre sur son visage…
Rédigé par : Nathalie | 28 avril 2008 à 11:55
Salut!
Merci pour ce poème pour le lilas, un des mes fleurs favoris! J'ai pris la liberté de faire un lien sur mon blog; j'éspere c'est OK.
Si c'est le cas, je voudrais faire un lien permanent de ton blog aussi.
Peut-etre After my Own Heart sera compatible avec tes sensibilités?
Merci!
Rédigé par : perfumeshrine | 28 avril 2008 à 18:30
Salut Helg!
Bien sur que c'est ok! C'est même très gentil! D'ailleurs je veux faire un lien vers ton blog aussi :)
Très beau billet sur le lilas! Il faut que j'essaye ce "After my own heart" aussi!
Rédigé par : Nathalie | 29 avril 2008 à 15:04