Comme nous le disions hier ; les parfums sont des créatures fragiles et leur espérance de vie n’est pas très élevée. Les grands d’aujourd’hui : Shalimar, Chanel N°5 ou plus proche de nous Angel ou Féminité du Bois, ont traversé les décennies et les modes. Ce n’est pas le cas des centaines de nouveautés qui sortent chaque année et qui se chassent les unes les autres. C’est qu’il a y deux moyens de gagner beaucoup d’argent en parfumerie, créer un classique, ou sortir une nouveauté qui, a grand renfort d’égéries et de paillettes, cartonnera pour un an ou deux au box-office olfactif.
Créer un classique nécessite du temps, beaucoup de temps et la prise de risque est plus importante : Le classique est forcément un parfum qui va se démarquer de ses contemporains et par la même il va démarrer plus doucement et progresser régulièrement au fil des années et ceci plus à l’aide du bouche a oreilles que de l’artillerie lourde. Ce qui est nouveau, vraiment nouveau, surprend et parfois même rebute.
Mais en parfumerie il y a de la place pour les deux : la nouveauté et le classique. Maurice Roucel disait dans une interview ici, que c’ est un peu comme dans la musique, il y a la variété, les chansonnettes, les tubes de l’été, les chansons à textes et les chefs d’œuvre. Il y a de la place pour tout le monde et on n’a pas toujours envie d’écouter Beethoven. Je suis assez d’accord avec ça. Le problème c’est qu’on a l’impression aujourd’hui qu’il n’y a plus que des chansonnettes et en plus qu’elles se ressemblent toutes furieusement. Dans cette cacophonie ambiante il est de plus en plus difficile de s’y retrouver. Quels sont les classiques d’aujourd’hui ? Ceux qui resteront, ceux qu’étudieront les élèves parfumeurs du 22 siècle ? J’Adore ? Nina ? Chloé ? Ok... je provoque un peu, mais dites-moi, selon vous, quels sont les classiques de demain?
Maurice Roucel n'a pas tort quand il dit qu'il y a de la place pour tout le monde, c-a-d pour du grand public et du très niche. Mais bon, quand je sens L de Lolita, je ne peux m'empêcher de penser très fort à Musc Ravageur qu'il avait créé quelques années + tôt pour Frédéric Malle.
Rédigé par : Véro | 12 avril 2008 à 14:42
il est evident que l 'industrie du parfum ne cherche plus a lancer de grands classiques, c 'est un investissement qui coute trop cher, elle prefere jouer la carte de la mediocrite en lancant plus de 700 parfums par an, de toutes facons en lassant le consommateur, on lui vend par derriere des nouveautes qui n 'en sont pas, parce que c 'est toujours les memes fruites floraux synthetiques qu 'on lui propose au cout de gigantesques campagnes publicitaires, veritables lavages de cervelles!
la ou encore on peut trouver de la qualite et une certaine integrite artistique c 'est plus autour de gammes confidentielles, aucunes ne proposent de grands classiques de demain, mais je pense notamment a la parfumerie de Serge Lutens pour l 'ensemble de son oeuvre olfactive qui est un vrai petit bijou.
En revanche les confidentiels tres chers comme les Guerlains et les Chanel exclusifs c 'est tres decevants, quant a Jar, Christian Clive, By Kilian, Armani Prive et Tom Ford alors la c 'est de la daube de luxe!
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 12 avril 2008 à 22:34
a ce sujet, voila ce qu 'en dit Serge Lutens, des propos rapportes par Annick Le Guerrer (je crois):
Serge Lutens cuisine des cassolettes aromatiquement incorrectes, une parfumerie d'auteur entêté, imperméable aux oukases du marketing. Les chimistes qui l'aident à élaborer ses songes olfactifs n'ont qu'un interlocuteur: lui. Il est sans doute le dernier représentant en exercice d'une création affranchie.
Ce personnage éminemment courtois, au physique doux de pierrot lunaire, se montre soudain tranchant et intransigeant lorsqu’il évoque l’univers de la parfumerie moderne industrielle. Et de fustiger les effets de mode qui ne font naître que des parfums Kleenex : « La parfumerie de masse s’adresse à des cibles socioculturelles prédéterminées par des bureaux de marketing. Accompagné d’une campagne planétaire, le succès d’un parfum peut être immense, mais il ne tiendra pas sur la durée. » Une intransigeance qui se traduit aussi par le refus de décliner ces fragrances en lignes parfumées.« Un savon ne doit rien sentir d’autre que le savon. Nous vivons dans un monde ou tout "s’odorise" : les bougies, la maison, les voitures… Tout sent beaucoup trop ! Rien à voir avec l’art si subtil et sensuel de se parfumer ! »
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 13 avril 2008 à 20:54
@ Véro, c’est vrai que l’on reconnaît la patte de Roucel dans plusieurs de ses parfums, il aime beaucoup la fleur de magnolia par exemple. Je pense que c’est comme pour tout il y a des artistes qui déclinent le même tableau tout au long de leur vie et d’autres qui se renouvellent constamment. Pour les parfums cependant il y a des différences de prix peut être qui peuvent interpeller ?
@ Chant d’Amour cet article est intéressant et Serge Lutens est un vrai poète mais il ne manque jamais une occasion de rabaisser les parfumeurs. Je tiens à dire qu’il ne travaille pas avec des chimistes mais avec des parfumeurs ce n’est pas le même métier et cela commence à m’agacer sérieusement. Tous les chimistes ne sont pas parfumeurs et tous les parfumeurs ne sont pas chimistes. D’ailleurs on s’en fout, ce qui compte c’est les parfums, c’est à eux que l’on reconnaît un parfumeur.
L’ensemble de l’œuvre olfactive de Lutens est comme vous le dites un bijou, il a d'ailleurs déjà créé (pas tout seul)un classique avec Féminité du Bois pour shiseido. Un parfum qui restera.
Rédigé par : Nathalie | 14 avril 2008 à 13:26
Tu ne provoques pas tant que ça Nathalie :-) Nina, je ne pense pas, mais J'Adore et Chloé sont des graines de classiques...
Pour moi, Flower de Kenzo, Teint de Neige de Lorenzo Villoresi, Ambre Sultan de Serge Lutens, Addict de Dior, Eau de Cartier, Gingembre de Roger&Gallet, Pink Sugar et Vanille Abricot dans les gourmands, la collection L'Art et la Matière de Guerlain et les Hermessences sont aussi là pour rester.
Rédigé par : Le critique de parfum | 14 avril 2008 à 15:56
Dans les créations plus récentes, pour l'innovation qu'elles ont représentée, je pense que Poison et Angel sont des classiques modernes. L'Eau d'Issey aussi, probablement, pour les mêmes raisons, même si pas du tout ma tasse de thé ;)
Pour l'autre volet du classique, je pense aux parfums qui ont été adoptés par beaucoup à leur sortie et continuent à bien se vendre sans beaucoup souffrir des changements de mode: Trésor, Lolita Lempicka éponyme, Kenzo Flower.
Pour le reste, tout à fait d'accord avec toi... et je suis plus que lassée de cette frénétique succession de tubes-de-l'été qui rentrent par une oreille (enfin, narine en l'occurrence) et sortent par l'autre...
Rédigé par : Six' | 15 avril 2008 à 13:33
Le "critique" de parfum, Pink Sugar n 'est meme pas repertorie et critique dans le nouveau guide de Luca Turin qui vient de sortir en amerique et qui fait fureur sur tous les blogs de parfums anglo-americains. Je crois qu 'a la base Turin se desinteresse pour les parfums de fillettes. Il a quand meme mentionne les creations de Paris Hilton, des desastres qu 'il qualifie de "barf bags", en anglais ca veut dire les sacs dans lesquels on degueule en avion LOL.
Nathalie, je comprend votre agacement mais avouez que Serge Lutens quand il parle de l 'industrie du parfum et de ses parfums de masse qui "s’adresse à des cibles socioculturelles prédéterminées par des bureaux de marketing. Accompagné d’une campagne planétaire" il a bien raison.
Rédigé par : Un chant d 'Amour | 16 avril 2008 à 07:47
@ LCDP, d’accord avec toi pour J’Adore qui fête ou fêtera bientôt ses dix ans, on peut déjà le considérer comme un classique, personnellement il ne m’inspire pas…
Mais bon Chloé… Je ne sais pas que te dire, il est possible qu’il s’inscrive dans la durée, mais est ce que pour ses qualités olfactives ? Pour les autres que tu cites je ne les connais pas tous, Teint de Neige de LV je l’ai senti il y a longtemps, je ne l’avais pas aimé mais je vais réessayer, L’Art et la Matière sont assez éblouissants je l’admets et les Hermessences je ne les connais pas… Pink Sugar et Vanille Abricot non plus…
Pour ma part et dans les masculins je considère Dior Homme comme un classique déjà ;-)
Rédigé par : Nathalie | 16 avril 2008 à 09:23
@ Six, Je suis d’accord avec ta liste de classiques modernes. L’Eau d’Issey est maigrichonne au possible, mais c’est vrai innovante.
Oui ces tubes de l’été, comme tu dis, sont tellement prévisibles et interchangeables, on aimerait bien changer de disque !!!
Rédigé par : Nathalie | 16 avril 2008 à 09:48
@ Chant d’amour, Je suis effectivement tout à fait d’accord avec ce que Lutens dit dans cette phrase.
Rédigé par : Nathalie | 16 avril 2008 à 09:57