Je ne porte pas de parfum tous les jours et souvent je les porte par « devoir » plus que par plaisir. Mais un jour comme aujourd’hui, gris et vaseux, j’en ai besoin, c’est comme mettre une belle robe, un peu de fard à joue ou de rouge à lèvres, cela aide, votre humeur change, elle s’éclaircit.
Bien sur après il y a le problème du choix, entre les flacons et les échantillons cela fait quand même beaucoup. Je peux rester de longues minutes devant le petit meuble où je range mes trésors à me demander ce que je pourrais bien porter. Parfois je suis incapable de choisir donc je ne mets rien, d’autres fois c’est une évidence et je sais déjà avant d’ouvrir le secrétaire sur quel flacon jeter mon dévolu. Souvent je regrette mon choix, (je sais je suis compliquée). Cela m’était arrivé avec Poivre de Caron ; je m’en étais aspergée avant un rendez-vous pour me donner un coup de fouet. J’ai passé le reste de la journée avec l’impression d’être un œillet géant. Aujourd'hui j’ai voulu le réessayer parce que je me demandais si mon humeur, les conditions atmosphériques et tous ces petits paramètres qu’on ne maîtrise pas pouvaient influencer notre perception d’un parfum.
C’est un beau soliflore mais, hélas, décidément pas mon genre. Est-ce que vous aussi vous avez parfois de la peine à vous décider dans le choix du parfum du jour ?
que rajouter ? j'aurais pu ecrire ce texte :) cela me decrit parfaitement
Rédigé par : vero | 12 mars 2008 à 21:14
Je n 'ai pas trop ce problème, je me force de sélectionner au maximum ma collection de parfum, maintenant j 'ai la chance d 'aimer a la folie seulement deux parfums, En Avion et Fleurs d 'Oranger.
En tout je possède a peine dix parfums, quelques Serge Lutens et Caron (sans compter plusieurs flacons de En Avion et Narcisse Noir en versions vintages et plus récentes* ainsi que mon stash de flacons Salons Palais Royal Shiseido).
Caron...j 'aime la beauté, le luxe et l 'excellence de ces parfums légendaires que je porte pour des moments rares et qui n 'appartiennent qu 'a moi. je pense que c 'est une erreur de porter Poivre ou d 'ailleurs n 'importe quel Caron en extrait pour un rendez-vous en pleine journée, a moins que ce soit la version eau de toilette de Poivre 'Coup de Fouet'.
On dit souvent que ce sont des parfums de riches aristocrates exhubérantes en comparaison aux Guerlain, des parfums de bourgeoises bon chic bon genre, je trouve que c 'est vrai, non?
Malheureusement je suis tres fachée contre Richard Fraysse et le groupe Alès qui ont reformulé et massacré les extraits Caron.
En Avion, un coeur d 'oranger epicé et gansé de rose, néroli sur un lit de jasmin, violette, oeillet et lilas, éxéxuté sur un nuage de musc, d 'ambre boisé et d 'oppoponax est normalement un classique intemporel mais depuis 2001 c 'est devenu une composition plus grossière, moins raffinée qu 'auparavant, le néroli est renforcé et prend le dessus sur l 'orange épicée, avec comme beaucoup le décrivent sur les forums anglo-américains un effet médicinal de pansement humide huileux. les notes poudrées ne sont pas aussi belles, la encore on est loin de retrouver la meme qualité et les notes florales telles que l 'oeillet, la violette et le lilas ne sont plus discernables, comme si elles avaient disparues et qu 'il ne restait plus que la rose. les notes de mousse de chene elles aussi ont été grossièrement exagérées, peut-etre pour couvrir certaines lacunes de la nouvelle composition.
Je ne suis pas une fan de la nouvelle équipe qui a repris Caron autour du groupe Patrick Ales et leur nez Richard Fraysse. c 'est dommage de massacrer un si beau parfum, pour moi En Avion c 'était l 'excellence, aujourd 'hui ce n 'est plus le meme, d 'ailleurs je trouve que la nouvelle version fait vieille dadame maintenant et curieusement on retrouve les meme notes peu rafinées de néroli et poudrées dans Lady Caron, une création Richard Fraysse, sa première pour Caron.
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 12 mars 2008 à 23:59
@ Véro, oui j'imagine qu'avec plus de 400 parfums il y a de quoi être complétement aboulique!
C’est vrai que les parfums Caron ont un côté effronté même si certains sont un peu datés. Mon préféré c’est Tabac Blond.
Je suis aussi désolée de la reformulation ou du ravalement de facade des vieux parfum qui devraient être, dans la mesure du possible intouchables. Il serait aussi plus honnête pour les marques d’admettre ces reformulations et de communiquer de manière plus claire autour d’elle. L’idée qu’on a touché à son parfum provoque un véritable stress, presque une souffrance morale chez la personne qui le porte et y est attachée, c’était la trame d’un roman que j’avais lu à Grasse, « Musc » de Kemp Percy. Le personnage ne supporte pas la modification de son parfum préféré et finira par se suicider. Sans aller jusque là je trouve que vendre un parfum sous le même non alors qu’il n’a plus rien à voir avec l’original est de la flibusterie autorisée. J’ai parmi mes connaissances deux femmes qui portaient respectivement Arpège et Vent Vert, toutes les deux m’ont dit avoir ressenti du chagrin et de la colère quand leur parfum avait été « modernisé ». Comment une marque peut elle faire cela à ses clients ? Arpège dans sa version originale devait sûrement être un des plus beau parfum du monde, aujourd’hui c’est un joli parfum facile et poli qui plaît certes, mais qui ressemble au vrai comme moi je ressemble à Monica Belluci. C'est dommage pour nous mais aussi pour les marques qui n'hésitent pas à saccager leurs propres trésors. Un comportement qui serait proche de la débilité s'il n'y avait de prodigieux profits à la clé. Roudnitska avait raison quand il disait que tout le monde devrait recevoir "une éducation du beau" : " C'est parce qu'on a négligé d'en faire d'abord et profondément des esthétes que nos maîtres à penser, nos enseignants, nos hommes politiques, nos ingénieurs, nos dirigeants d'industries manquent trop souvent de sûr jugement qui fait bien choisir ses objectifs et mieux choisir encore les moyens de les atteindre. S'il savait clairement discerner entre le beau et le laid, l'homme ne pourrait jamais supporter d'être laid, en aucune circonstance. Et il réussirait mieux sa vie." Edmond Roudnitska
Rédigé par : Nathalie | 17 mars 2008 à 14:36
Tabac Blond me ramene toujours a Vita Sackville West qui cocufiait son mari sans se cacher en entretenant une liaison homosexuelle avec son amante Violetta, un amour entre femmes d 'une puissance incroyable. Cet univers d 'aristocrates anglaises effrontees et liberees des annees 20 et 30, celles qui conduisaient des voitures de course habillees de cuir ou cravatees et en pantalon lorsqu 'elles fumaient le cigare en compagnie des hommes pour parler d 'affaires. Tabac Blond, une creation de 1919, c 'est le parfum de la femme emancipee qui pour la premiere fois dans l 'Histoire de l 'occident s 'affranchit des vieilles regles misogynes de la societe. Une revolution en quelques sortes mais qui n 'existait que dans la plus haute societe.
Nathalie, vous savez moi j 'ai contacte a maintes reprises le service consommateur Caron, Guerlain et meme Shiseido/Serge Lutens a propos de ces reformulations honteuses. A chaque fois on m 'a fait comprendre que c 'est moi qui se fait des idees, les formules n 'ont absolument pas changees etc. Attention, depuis peu Guerlain reconnait enfin officiellement la reformulation du nouveau Mitsouko, on peut donner le credit a Luca Turin pour cette transparence. Chez Caron c 'est la langue de bois, chez Serge Lutens j 'ai ete tres mecontente l 'annee derniere en me rendant compte que Fleurs d 'Oranger version export avait ete retouchee, une version "watered-down" moins orange epicee au jasmin, plus adoucie de "fleur d 'oranger". desormais je ne prend plus ce parfum qu 'en version Salons Shiseido.
Luca Turin a fait beaucoup de bien dans ce domaine, aujourd 'hui les anglo-americains denoncent enormement les reformulations a outrance et les critiques de parfums classiques differencient souvent la formule originale de la version actuelle. Je regrette qu 'il n 'y ai aucune prise de conscience equivalente chez les francophones, j 'ai aborde le sujet a plusieurs reprises, dans le meilleur des cas on en parle le temps d 'un topic mais ca ne va pas plus loin.
Etant donne qu 'il n 'y a pas de labels d 'authenticite et de qualite pour le parfum, il en revient aux consommateurs de rester vigileant et a eux de denoncer ces maisons de parfums qui dupent le consommateur. Si les gens achetent encore L 'Heure Bleue ou le No 5 aujourd 'hui, c 'est bien que ces maisons profitent du prestige du nom de ces parfums aussi, elles devraient avertir le consommateur, par exemple dans le packaging, qu 'on se trouve en presence d 'une version reformulee et non de l 'originale.
Quand on pense que les vins meme les fromages sont proteges par des labels mais pas le parfum, c 'est dingue, non?
Rédigé par : Un Chant d 'Amour | 19 mars 2008 à 05:24
J’ai cru comprendre que c’était un couple très libre, bisexuels tous les deux et entretenant des liaisons homosexuelles tout en restant très amoureux et attaché l’un à l’autre. C’est vrai que Vita pourrait être la parfaite égérie de Tabac Blond…
Les reformulations sont honteuses comme vous le dites, surtout quand les marques ne communiquent pas honnêtement autour de celles-ci. Qui connaît mieux un parfum que la personne qui le porte et qui l’aime ? Elle ne se fait pas des idées, elle sait… Il y a un certain flou, toujours ce culte du secret de polichinelle, (véritable maladie de la parfumerie), autour de tout ce qui touche à la formulation. Les parfums sont fragiles et nous sommes sans défenses par rapport aux décisions, prises par je ne sais qui, de modifications des belles formules du passé. Parfois il s’agit de nécessité,(matières premières disparues ; les teintures d’ambre gris par exemple… ou prohibées) mais la plupart du temps, en réalité et sous des prétextes divers, il ne s’agit que d’économiser, ou d’augmenter le volume des concentrés pour vendre plus. Il devient ainsi nécessaire de changer la qualité des matières premières, parce que les beaux naturels ne sont disponibles qu’en quantité limitée. Si j’avais à gérer une marque comme Guerlain ou Dior je me sentirai totalement responsable des trésors de la marque et je ferai tout pour les préserver, en l’état, dans leur formule d’origine, les gains énormes pouvant être réalisés sur les nouveautés. Cette stratégie fait du tort à la marque à long terme, mais le problème c’est qu’aujourd’hui le long terme n’existe plus, on veut des profits immédiats, peu importe si pour ce faire on détruit le travail de générations de parfumeur entrepreneur… Ceci est du aussi au statut particulier de la parfumerie, « art industriel », il génère d’immense profit… Personne n’oserait toucher à un tableau ou à une œuvre littéraire même pour changer une virgule…
Rédigé par : Nathalie | 24 mars 2008 à 10:58