Les écrivains parlent magnifiquement des odeurs et de leur lien particulier avec le passé. On connaît bien la madeleine de Proust. Ce texte de Maupassant évoque avec des mots différents le même phénomène. Tout un pan du passé peut resurgir, intact et bouleversant, au contact de certaines odeurs ou de certains parfums.
"Il cherchait pourquoi avait lieu ce bouillonnement de sa vie ancienne que plusieurs fois déjà, moins qu'aujourd'hui cependant, il avait senti et remarqué. Il existait toujours une cause à ces évocations subites, une cause matérielle et simple, une odeur, un parfum souvent. Que de fois une robe de femme lui avait jeté au passage, avec le souffle évaporé d'une essence, tout un rappel d'événements effacés ! Au fond des vieux flacons de toilette, il avait retrouvé souvent aussi des parcelles de son existence ; et toutes les odeurs errantes, celles des rues, des champs, des maisons, des meubles, les douces et les mauvaises, les odeurs chaudes des soirs d'été, les odeurs froides des soirs d'hiver, ranimaient toujours chez lui de lointaines réminiscences, comme si les senteurs gardaient en elles les choses mortes embaumées, à la façon des aromates qui conservent les momies."
Guy de Maupassant, Extrait de, Fort comme la mort 1889
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