A la pause, on discute parfums. Il en ressort que toutes les jeunes femmes présentes à ce cours sont des passionnées de parfums, sauf…moi. Non, je tente d’expliquer , ce n’est pas vraiment les parfums qui m’attirent mais le langage dont ils sont faits. Cette chose impalpable … La langue des odeurs, je voudrais pouvoir la comprendre un peu mieux… Mais la discussion continue, très animée. Comme toujours, lorsque trop de gens parlent, je me mets à rêvasser. Je pense alors à mon tout premier parfum avec tendresse.
J’avais quatorze ans et les tonitruantes années 80 naissaient en même temps que mes premiers émois d’adolescente. Ma mère avait reçu pour Noël le capiteux Opium d’Yves St Laurent. Je n’avais bien sûr pas plus le droit de me parfumer que de me maquiller. Mais, j’étais à l’âge des transgressions. Pendant les vacances d’été, avant de partir à la piscine, vite en catimini, je me collais deux gouttes d’Opium derrière les oreilles. Je me sentais alors « femme » et roulais des yeux énamourés à Frédéric, un camarade de jeux sur qui j’avais jeté mon dévolu. Mais ce dernier, pour des raisons qui m’échappent encore aujourd’hui, était totalement imperméable à mon charme naissant. Cependant, un jour, je réussi quand même à l’attirer dans la seule douche de la piscine qui se fermait à clé. Je triomphais et pensais à la suite des événements quand soudain, dans les vapeurs d’Opium, il me lâcha, en fronçant le nez: « Mais qu’est ce que tu mets tout le temps, ç’est dégueulasse ce truc ! » Du jour au lendemain, je délaissais totalement le flacon jadis si convoité et Frédéric avec. Mais rien ne saurait mieux évoquer mon adolescence que quelques gouttes de ce parfum.
« L’eau transparente de ton souvenir caressait les sauges mouillées et les mousse » Robert Goffin.
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