Les Ateliers du parfum

Le Hibou et la Baleine

En regardant ma mère gratter la terre du cimetière pour y mettre de nouvelles fleurs, je me suis dit qu’au lieu d’avoir peur de la mort je devais simplement apprendre à m’en servir pour mieux vivre. M’est revenu alors en mémoire un très beau passage tiré d’une nouvelle de Nicolas Bouvier « Le hibou et la baleine ». En rentrant chez moi, je me suis précipitée pour le relire :

Les parfums en français

Le monde des parfums n’a pas beaucoup été soumis à la critique. Celle-ci a commencé aux Etats-Unis, il y a déjà quelques années, avec les sites et les blogs de passionnés (voir le blogroll à gauche) ainsi que les forums tel Makeupalley.

Aujourd’hui, lentement mais sûrement on peut commencer à lire ici ou là, en français des critiques et des avis, étayés, construits et écrits par de vrais passionnés et connaisseurs. Petite liste non exhaustive des sites parlant de parfums sur la toile en français :

Poivrebleu : Nez bavard nous parle de ses coups de cœur et de ses déceptions un blog très bien écrit ou les descriptions de parfums sont bien étayées.

Auparfum : l’on peut y lire des descriptions et critiques de parfums par des professionnels de la parfumerie et sur lesquels les internautes (passionnés ou autres) peuvent s’exprimer. Pleins d’autres rubriques intéressantes dont ce billet sur l’histoire de la parfumerie.

Lecritiquedeparfum : Ici pas de langue de bois ni de détours le critique de parfum aime ou n’aime pas et il dit pourquoi. Jouissif souvent, énervant parfois, surtout qu’on ne peut pas y laisser de commentaires.

Le forum de BulledeLune ou des passionnés échangent sur les parfums en toute convivialité et avec respect.

Vous connaissez d’autres sites intéressants (in french of course)?

ceux qu'on aime et les autres...

Un tout petit billet aujourd'hui.

Quels sont les parfums que vous aimez surtout parce qu’ils ont été portés, ou sont encore portés par des êtres chers et en contrepartie quels sont ceux qui vous soulèvent le cœur parce qu’ils sont liés à des personnes que vous détestez?

Voici ma liste : J’adore : Mitsouko, (ma grand-mère) l’Heure Bleue (une amie) , Paris (ma maman), l’Eau des Merveilles (ma sœur Caroline), L’Eau de Rochas (une amie), Gentleman (un ami)

Je hais : Kouros, Giorgio Beverlly Hills et L’Eau par Kenzo…

Juste une tocade?

Ce matin en me préparant, j’aperçois dans le miroir de la salle de bain, le reflet d’un truc noir ENORME et à moitié dissimulé dans un coin de la pièce. Je me suis dit « in petto », ça ne peux pas, ça ne DOIS PAS être une araignée…  Tout en me faisant ces réflexions je m' approche de la chose prudemment. Le cri strident qui m’échappe alors fait accourir mes colocataires. Après la mise à mort quelqu’un lâche : "Je n’ai jamais vu une araignée avec des pattes aussi longues. Je crois qu’on vient de tuer la Karembeu des tégénaires … " (oui, oui, allez-y cliquez, vous en avez envie. )

En parlant de la belle Adriana, et cela me permet de faire le lien avec notre sujet favori,  elle raconte que lorsqu'elle a rencontré son mari, ils portaient tous les deux le même parfum : Tocade de Rochas. Depuis à chaque anniversaire de mariage, ils en mettent partout (source : Osmoz.fr). Romantique, non… ?

Et vous, l’objet de tous vos tourments,  il ou elle portait quoi lorsque vous l’avez rencontré(e) ?

Narcisse Noir

Ernest Daltroff fondateur de Caron et parfumeur était amoureux en secret de sa collaboratrice ; la géniale Félicie Wampouille. C’est du moins ce qu’on peux lire sur le site de Caron. Légende, réalité ? Aux Ateliers du parfum nous ne prenons pas parti même si le côté romantique de cette affaire n’est pas pour nous déplaire. Les amours tourmentées sont souvent le terreau de nombreuses œuvres d’art.

Pour en savoir plus sur ce grand parfumeur rendez-vous bientôt dans la parfumothèque. En attendant voici le lancement du film Sunset Boulevard dans lequel Gloria Swanson campe une star déchue du cinéma muet. On dit que l’actrice exigeait que le plateau soit inondé de Narcisse Noir qu’elle adorait. Il existe, paraît-t'il, une scène du film dans laquelle Gloria étreint dans ses mains un flacon de ce parfum… Malheureusement, je ne l’ai pas trouvée.

Quelqu’un sait-il si cette scène a vraiment existé ?

En attendant

On démarre la semaine gentiment aux Ateliers du parfum où on aime aussi la musique qui dit on adoucit les mœurs… Le conseil du jour : comme le poète enivrons nous de belles choses sans plus attendre.

"Nous n’étions qu’un peu d’eau qu’on versa dans nos reins
et que le feu de la passion mit à l’air libre.
Le vent dispersera notre poussière au loin :
En attendant ce jour, pourquoi ne pas être ivres ?"

Omar Khayyâm - Quatrains

Amelie Soundtrack -- Thème principal

Nuit de Noël

Pour me faire pardonner de l’avoir bousculé le jour de son arrivée, et parce que j'ai décidé de réviser mes classiques suite à une rentrée décevante, je porte Nuit de Noël de Caron. Très beau parfum, imprégné de silence, le même que la neige en tombant répand autour d’elle. Les épices y scintillent doucement comme des étoiles serties par les fleurs et les bois, confortable, serein avec une pincée d’amertume en fond, juste ce qu’il faut pour nous rendre un peu nostalgique...Mais pas trop quand même...

Et vous que portez-vous aujourd’hui ?

Djedi

J’entends parler de Djedi de Guerlain depuis des lustres comme : le parfum le plus étrange de tous les temps. Les spécialistes de la critique de parfum tel Luca Turin ne tarissent pas d’éloges et de qualificatifs pour cet ovni ou plutôt cet opni, « objet parfumé non identifié » créé en 1926 (pas sûre de la date) et quasiment introuvable de nos jours.

Evidemment ma curiosité ne peut pas résister indéfiniment à de tels arguments. Je commande donc par Internet quelques "decants" avec parmi eux la fragrance mythique. Quand le paquet arrive, rempli d’échantillons divers, je m’enferme sans plus attendre dans mon bureau et renverse impatiemment le contenu de l’enveloppe sur la table. Je repère très vite le petit tube qui m’intéresse (c’est le moins rempli). J’écarte les autres avec un irrespect qui ferait hurler les amoureux des parfums Caron. J’adore ces derniers, il y a parmi eux des merveilles qui font partie du panthéon de la parfumerie mais là franchement je n’ai pas le temps… J’ouvre d’une main qui ne tremble pas le minuscule récipient, j’ai très peur de la déception qui va certainement me saisir… Et là…là…

Secret de cuisinier

Nous sommes dans les années trente, Binh cuisinier Vietnamien, en exil à Paris décroche un emploi chez Gertrude Stein et sa compagne Alice Toklas. Miss Toklas a des idées très arrêtées sur l’art culinaire. Elle lance au jeune homme en guise d’avertissement : « GertrudeStein juge un cuisinier à ses desserts et moi, à tout le reste. (…)» Elle s’applique à donner des leçons à Bihn sur la bonne façon de cuisiner : « le sel n’est pas essentiel dans cette recette, (…) soit très prudent Bin avant d’en ajouter. (…) Dans ma cuisine, je te dirai quand le sel est nécessaire (…) »

Binh, lui, ne dit rien ; il a appris le métier dans les cuisines du gouverneur de Saïgon et il manie son art avec une grande subtilité. On sent dans ce passage tout le plaisir qu’il prend en désorientant son exigeante patronne avec ses tours de passe-passe gustatifs. Dégustez plutôt :

« Plus tard au cours de la soirée, GertrudeStein rapporta la façon dont tu t’étais comporté à Miss Toklas devant une coupe de ma meilleure glace « Singapour ». Elles sentaient toutes les deux la vanille et le gingembre confit, mais seule Miss Toklas détectait la présence de quelque chose de plus profond, quelque chose qui s’attardait sur la langue comme un alcool.

Des grains de poivre, Miss Toklas. Dès le matin, jetez dans le lait que vous utiliserez le soir une dizaine de grains de poivre grossièrement pilés. Filtrez puis procédez comme d’ordinaire. Le piquant que le poivre laisse derrière lui forcera votre invité à concentrer son attention, à examiner à nouveau cette coupe de douceur. Un peu à la manière d’un soupçon d’ironie inattendu dans la voix d’un amant. »

Extraits de Le livre du sel de Monique Truong aux éditions Rivages traduit de l’anglais par Marc Amfreville.

L'esprit des bois

Les matières premières, chacune avec sa personnalité, sont pour moi comme des êtres vivants ou des personnages de fiction. Parfois même elles contiennent dans leurs molécules des mondes. Pourtant quand je les retrouve enfermées dans leurs petits flacons en rang d’oignon, par ordre alphabétique, elles ont l’air si sages… Tout est calme, ma main courre le long des étagères, j’ouvre un flacon au hasard et il s’en échappe un petit génie, parfois malicieux et charmeur, parfois séducteur, parfois brut et un peu mal élevé… Aujourd’hui celui qui s’évade de sa petite prison de verre est sombre et dense, à la fois par la couleur et par l’odeur.