Dans mon village d’enfance, il y a un petit café, ou je jouais fillette avec les enfants du propriétaire. L’établissement, toujours géré par la même famille, semble s’être figé, comme conservé dans l’ambre du temps. Il y a bien des tactilos à la place des flippers mais les changements s’arrêtent là.
La même odeur, flotte toujours entre les vieilles tables toutes marquées par des générations de tasses de café et de verres de vin. J’y suis allée récemment et je confesse que ce fût une expérience étrange et presque douloureuse… Beaucoup de visages aimés et disparus semblaient s’être pris dans les filets de cet effluve. Des voix oubliées, des rires éteints, résonnaient encore dans les coins. Voici, un très beau texte d’Albert Cohen sur l’enfance. Vous y trouverez de nombreuses allusions aux odeurs. Après lecture, peut être aurez vous envie de partager avec nous quelques unes des odeurs de votre enfance ? (Cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)
« Ô mon passé, ma petite enfance, ô chambrette, coussins brodés de petits chats rassurants, vertueuses chromos, conforts et confitures, tisanes, pâtes pectorales, arnica, papillon du gaz dans la cuisine, sirop d’orgeat, antiques dentelles, odeurs, naphtalines, veilleuses de porcelaine, petits baisers du soir, baisers de Maman qui me disait, après avoir bordé mon lit, que maintenant j’allais faire mon petit voyage dans la lune avec mon ami un écureuil. Ô mon enfance, gelées de coings, bougies roses, journaux illustrés du jeudi, ours en peluche, convalescences chéries, anniversaires, lettres du Nouvel An sur du papier à dentelures, dindes de Noël, fables de La Fontaine idiotement récitées debout sur la table, bonbons à fleurettes, attentes des vacances, cerceaux, diabolos, petites mains sales, genoux écorchés et j’arrachais la croûte toujours trop tôt, balançoires des foires, cirque Alexandre où elle me menait une fois par an et auquel je pensais des mois à l’avance, cahiers neufs de la rentrée, sac d’école en faux léopard, plumiers japonais, plumiers à plusieurs étages, plumes Sergent-Major, plumes baïonnette de Blanzy-Poure, goûters de pain et de chocolat, noyaux d’abricots thésaurisés, boîte à herboriser, billes d’agate, chansons de Maman, leçons qu’elle me faisait repasser le matin, heures passées à la regarder cuisiner avec importance, enfance, petites paix, petits bonheurs, gâteaux de Maman, sourires de Maman, ô tout ce que je n’aurai plus, ô charmes, ô sons morts du passé, fumées enfouies et dissoutes saisons. Les rives s’éloignent. Ma mort approche. »
Albert Cohen, Le livre de ma mère, 1954
Je m'excuse, I can read French, but write it badly, so I'll write en Anglais. J'espere que tu me comprends.
What a wonderful, slightly sad entry. I love posts like this. They make you think about your life and loves.
Scents I recall from childhood include my mother's Ma Griffe, My Sin, and Fleurs de Rocaille parfums, the honey-scented wax she would heat and up and spread on her legs to remove hair, Juicy Fruit chewing gum, Vick's Vaporub, plain yogurt (unusual at that time in America), artichokes (also odd back then and there), Campbell's bean and bacon soup (still a favorite), charcoal fires, steaks grilling, cut grass, the ocean, the smell of oyster beds exposed at low tide, woodsmoke in winter, and the smell of sparklers burning (small fireworks shaped like incense sticks).
The first time I smelled Chanel Cuir de Russie, I knew ma grandmere had worn it, because I flashed on her. I asked ma mere later if she had, and she said yes.
Rédigé par : minette | 22 janvier 2008 à 04:05
Welcome minette and thank you very much to share with us your childhood’s memories! Reading them makes me remember I had also a flash some years ago with Mitsouko, worn by my grand-mother at a stage of her life. Our childhood smells are so powerful… When I read other people’s souvenirs I feel deeply moved, and nostalgic of their own life (it is strange but true), and you are right it makes us think about our lifes and loves… Oh, feel free to comment in English, I love this language, as I spent one year and a half in California, and then in Georgia (many years ago…)
Rédigé par : Nathalie | 23 janvier 2008 à 10:22
Mon dieu comme la nostalgie peut-être douce et cruelle à la fois. Elle vous offre de grandes bouffées de tendresse tout en fredonnant à vos oeilles "avec le temps va tout s'en va..."... oui tout s'en va, se perd dans le méandre des jours passés. Tout s'en va mais en ayant soin de marquer l'âme au fer rouge. Ces petits riens, ces petits gestes passés inaperçus sur le moment sont gravés si fort dans nos coeurs qu'ils sont aujourd'hui source de bonheur intense pour les adultes raisonnables que nous sommes devenus. Comme les mains fraîches de nos mamans sur nos visages fièvreux d'enfants contents d'être malade, ces souvenirs nous consolent et nous apaisent. Ils nous permettent de croire l'espace de quelques secondes que le temps d'avant est juste à portée de mains...et si c'était vrai? si nous étions toujours cet enfant? le parfum des tilleuls en fleurs au crépuscule d'une chaude et orageuse journée d'été, l'odeur de la crème solaire "sherpa" (qui existe toujours ), du brouillard au petit matin du mois d'octobre, nous rappellent que ce temps d'avant n'a pas disparu. Il suffit de laisser son coeur ouvert et les parfums qui nous entourent deviennent alors une formidable machine à remonter le temps!!!
Merci, merci pour tous ces beaux textes que vous publiez. Ils sont très proches de moi, de ce que je ressens. J'aimerais tant avoir les aptitudes pour pouvoir mettre par écrit ce qui me touche!
Rédigé par : Isabelle | 21 février 2008 à 13:10
Et merci à toi pour ton beau texte Isabelle! Ah la crème Sherpa ! Elle me rappelle les vacances à Zermatt !
C’est vrai que lorsque nous les vivons, ces moments qui se sont gravés en nous, ils passent presque inaperçus ! Cela me rend plus attentive au présent à ce qui se déroule chaque jour dans ma vie et qui est si précieux. Chaque moment, chaque souffle est un trésor…
Rédigé par : Nathalie | 25 février 2008 à 09:38