Dans les tableaux de maître on voit parfois des formes rapidement esquissées, qui donnent presque une impression de maladresse mais qui, en fait, traduisent le génie des grands artistes à communiquer, non au travers d’une technique parfaitement maîtrisée mais au-delà de celle-ci, dans une véritable transmission d’émotion. En parfumerie il y a des parfums, (très nombreux), qui sont parfaitement exécutés, tout est en place, et la maîtrise de la technique est évidente et spectaculaire, mais malheureusement ces parfums ne transmettent rien. On ne sent derrière leurs faces parfaitement fardées que du vide. Il n’exprime rien si ce n'est un manque total de créativité et d’audace. Ce sont d’ailleurs généralement des copies de grands parfum ou pire un raccommodage olfactif de plusieurs grands succès. (Cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)
S’inspirer d’un grand parfum ou d’un style est tout à fait honorable, si on réinterprète le thème connu en y apportant sa touche personnelle et en créant ainsi, peut être un nouvel archétype. Ce fut le cas d’Arpège qui renouvela l’archétype du floral aldéhydé (N°5) en y exprimant une facette très fruitée. Il y a donc de belles interprétations dans chaque famille de parfum.
Mais le plus souvent, aujourd’hui, nous avons affaire à des clones, ou la technique est au rendez-vous et peut être admirée en tant que telle, mais ou l’émotion, est définitivement absente. C’est le cas de nombreuses nouveautés, qui sont tellement lisses et parfaites, polies, arrondies, limées et contrôlées qu’elle n’expriment plus rien. Un peu comme un visage travaillé par la chirurgie esthétique, aux proportions parfaites, beau, mais inhumain par son absence d’expression, et qui, au final, n’est plus qu’un masque effrayant.
Effrayant parce que dépourvu d’aspérités, de creux de bosses, de cicatrices, d’imperfections, de rides, qui traduisent ce que nous partageons tous, nous les êtres humains : les émotions. La beauté, quand elle touche au sublime, est une aspérité, une singularité sur laquelle notre regard ou notre souffle bute, et qui est capable de nous procurer un choc comparable à un coup de poing dans l’estomac. Elle n’y parvient vraiment que dans l’imperfection ou l’exagération, qui en cassant le consensus nous réveillent.
Vous le dites très bien, quand tout est parfait, on s'ennui. C'est comme avec les gens que l'on aime, leur défauts sont aussi importants que leur qualités.
Au Japon, pour regarder la lune, on attend juste le dernier jour avant la pleine lune, pour qu'elle soit encore un tout petit peu imparfaite et que le ravissement soit encore plus grand.
En parfum c'est pareil, il faut laisser une petite trace, quelque chose d'humain, qui permet à chacun de s'approprier le parfum... et de raconter sa propre histoire.
Rédigé par : Poivrebleu | 23 janvier 2008 à 13:04
je pense que c 'est plutot une histoire d 'inspiration, de reve que de perfection. la parfumerie s 'egare et stagne dans les eaux proprettes et fruitees qu'affectionnent les americains, fragrances marketing d'ozone synthetique. meme si dans le genre il y a des chefs d 'oeuvre comme Diorissimo et Diorella, le reste ne fait pas rever, meme les creations minimalistes de Jean-Claude Ellena ne sont pas a la hauteur du reve dont la parfumerie a besoin.
«L’émerveillement est au bout du parfum.» Et reconstituer une odeur, c’est la rêver, un «mensonge-vérité».Serge Lutens
Rédigé par : Aline et Valcour | 24 janvier 2008 à 06:32
@Poivre Bleu, quelle jolie idée d’aller voir la lune juste avant qu’elle ne soit pleine ! J’admire énormément la culture japonaise et son rapport complexe avec l’esthétique. Il faut laisser dans le parfum un peu se soi-même, c’est vrai, un peu de son humanité et de ses interrogations.
@ Aline, oui une inspiration, provoquée par une émotion, nous nous rejoignons là-dessus. L’émotion peut être transmise par différent support, différente expression ou style. Epuré ne veut pas dire décharné, je pense que certaines épures transmettent les choses très fortement, mais il faut vraiment être un maître en la matière.
Rédigé par : Nathalie | 28 janvier 2008 à 09:52