J’entends parler de Djedi de Guerlain depuis des lustres comme : le parfum le plus étrange de tous les temps. Les spécialistes de la critique de parfum tel Luca Turin ne tarissent pas d’éloges et de qualificatifs pour cet ovni ou plutôt cet opni, « objet parfumé non identifié » créé en 1926 (pas sûre de la date) et quasiment introuvable de nos jours.
Evidemment ma curiosité ne peut pas résister indéfiniment à de tels arguments. Je commande donc par Internet quelques "decants" avec parmi eux la fragrance mythique. Quand le paquet arrive, rempli d’échantillons divers, je m’enferme sans plus attendre dans mon bureau et renverse impatiemment le contenu de l’enveloppe sur la table. Je repère très vite le petit tube qui m’intéresse (c’est le moins rempli). J’écarte les autres avec un irrespect qui ferait hurler les amoureux des parfums Caron. J’adore ces derniers, il y a parmi eux des merveilles qui font partie du panthéon de la parfumerie mais là franchement je n’ai pas le temps… J’ouvre d’une main qui ne tremble pas le minuscule récipient, j’ai très peur de la déception qui va certainement me saisir… Et là…là…
Ainsi donc tout ce que j’ai lu sur Djedi est vrai ! J’en ai sur les mains et j’ai l’impression d’avoir profané un tombeau. L’esprit parfumé qui monte de mes doigts est gris comme un linceul, sec, cuiré et souillé, comme une chose blessée restée enfermée pendant des siècles, ses orbites vides de momie poussiéreuse se vrillent dans mes yeux effarés.
Même si j’entre dans un territoire inconnu, je peux y reconnaître comme en négatif, un Guerlain, mais presque totalement nettoyé de sa chair, asséché, tanné au soleil de l’éternité, avec très loin, comme un écho qui s’évanouit et que l’on a de la peine à percevoir, une beauté élusive, le fantôme de quelques fleurs, d’épices et de bois, qui disparaît englouti comme Eurydice vers un lieu terrible dont on ne revient jamais. Et comme Orphée, seul et désespéré, on regrette, malgré les avertissements, d’avoir voulu regarder. Inoubliable, poignant, totalement hors catégorie et à manipuler avec beaucoup de précaution : si les momies sont fragiles nous le sommes bien plus encore.
Bonsoir,
Je ne connais pas Djedi, mais comme toi j'apprécie particulièrement les parfums mythiques de Caron : Narcisse Noir, Tabac Blond, En Avion, Farnesiana, ce dernier est mon préféré. Récemment, j'ai éprouvé une telle déception en découvrant Teorema de Fendi (encensé par Luca Turin, mais ne jettes pas l'anathème sur Jacques Guerlain qui n'en est pas le créateur, mais Ernest Daltroff, fondateur de Caron. Avoue tout simplement que ce parfum n'est pas fait pour toi, ni à ce moment précis.
A bientôt pour d'autres aventures parfumées,
Therese
Rédigé par : therese steigert | 11 octobre 2007 à 22:58
Bonjour Thérèse,
Djedi ne m'a pas déçu, bien au contraire. Il me bouleverse parce que j'ai l'impression (et il s'agit uniquement de mon ressenti)que c'est un parfum construit autour de l'absence et du manque. En cela il me m'est très mal à l'aise. Mais il est totalement fascinant et très différent de ce que je connais. Si vous en avez l'occasion sentez-le...
Rédigé par : Nathalie | 12 octobre 2007 à 11:59