Aujourd’hui, vacances obligent, je vous emmène dans la petite île de Grenade dans les Caraïbes. Ce joyau, situé à l’extrémité sud des îles du Vent n’est qu’à quelques miles des côtes du Venezuela, et quand on accoste l’île en bateau on pense immanquablement aux mots de Baudelaire : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. » Imaginez : des plages de rêves étalent leur blancheur virginale, comme de larges coups de pinceau tranchant un camaïeu de bleu, entre ciel et mer. Des douces collines vertes, parsemées de petites maisons colorées, nous parviennent des parfums épicés qui se mêlent à ceux des embruns marins.
Lorsque l’on s’enfonce dans l’intérieur de l’île (dans des bus bondés et au péril de sa vie), on y découvre une végétation luxuriante. Des plantations de cannelle de vanille et de girofle, des cacaoyers aussi et des bananiers s’y épanouissent. Mais la star incontestée de la région c’est la noix de muscade. Grenade l’affiche même fièrement sur son drapeau. Il faut dire que notre toute petite île est après l’Indonésie, le deuxième producteur mondial de cette épice. Un exploit pour un territoire aussi minuscule !
Après un long périple, depuis les Moluques et non sans une escale paresseuse dans l’Océan Indien la belle noix a été introduite dans l’île par les Anglais au dix-huitième siècle. Si cette épice nous apparaît comme banale aujourd’hui, elle fut, dans le passé avec son complice le clou de girofle, l’enjeu d’une terrible lutte de pouvoir. Exclusivité des Portugais d’abord, elle tomba ensuite dans les mains des Hollandais. Ceux-ci exercèrent au dix-septième un monopole impitoyable sur la production et le commerce de ces deux épices. Ils allèrent même jusqu’à réduire les plantations de Muscadiers et de Girofliers à quelques îles des Moluques, afin de mieux en contrôler la production. Les oiseaux en disséminant les graines sur les îles voisines permirent à Pierre Poivre (au nom prédestiné ) et à la France d'introduire ces épices à l’Ile Maurice, de là elles rejoignirent Zanzibar pour finalement et avec l’aide des Anglais, atteindre Grenade.
A l’aise aussi bien avec le salé que le sucré la muscade se retrouve, bien sûr dans la purée de pommes de terre mais aussi dans la sauce béchamel, les soufflés aux fromages, le pain d’épices et autres tartes aux pommes. On peut aussi l’essayer, de manière un peu plus originale, sur les pâtes, avec du fromage de chèvre frais ou avec certains fruits comme le melon ou la poire. On peut l’utiliser aussi pour couvrir des odeurs désagréables, il paraîtrait qu’un peu de muscade râpée sur des choux en train de cuire, ferait disparaître complètement l’odeur soufrée de ces derniers. Enfin, et pour vous rafraîchir voici une recette tirée du livre : épices et condiments : Saupoudrez des tranches d’orange glacées, de sucre et d’un peu de muscade fraîchement râpée, laissez macérer puis décorez de feuilles de menthe.
Son huile essentielle est utilisée en parfumerie. Son odeur est épicée à la fois fraîche et chaude et rappelle presque l’huile de vidange, elle évoque aussi un peu la marjolaine et possède un fond doux et légèrement boisé. Elle est très utilisée pour les after-shaves. On la retrouve aussi dans des parfums comme par exemple Cacharel pour homme, Eau de réglisse de Caron, Vetiver de Guerlain et Angel de Thierry Mugler.
Bon début de semaine à tous !
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