Céline notre professeur arrive enfin, confuse et embarrassée par son retard. Pendant qu’elle se perd en explications embrouillées, je l’observe et je découvre une jeune femme dans la trentaine. Le visage est beau, illuminé par de grands yeux rêveurs. Elle n’est pas maquillée et ses cheveux châtains clairs lui tombent jusqu’aux épaules. Elle paraît très douce et sa voix est presque inaudible.
Elle ouvre les portes de notre « salle de classe ». J’aperçois le laboratoire attenant et je jette des regards effarés sur les étagères où s’alignent des centaines de petits flacons. La grande table est remplie de mouillettes déposées sur des règles en bois. Une odeur chimique collante et désagréable se dégage de l’ensemble. Céline de plus en plus gênée s’excuse du désordre. Elle nous explique en nettoyant la table et en ouvrant grand les fenêtres, que la semaine passée, les élèves parfumeurs sont venus faire quelques essais. Ils n’ont pas trouvé nécessaire de ranger après leur passage. « Oui, c’est comme ça cette année, ils sont indisciplinés… » Le ton est fataliste…
Pendant que Céline s’installe, je m’amuse à lire les étiquettes des flacons. Je reconnais des huiles essentielles familières. D’autres noms, complètement barbares et incompréhensibles me font prudemment battre en retraite.
Nous commençons le cours par de la théorie et quelques définitions ; nous apprenons notamment la différence entre une huile essentielle et une absolue et nous découvrons l’architecture des parfums.
Puis, Céline nous prépare une série de matières premières à sentir, pas trop, dit-elle, pour ne pas nous fatiguer le premier jour. On commence par de l’absolue Rose de Grasse. Immédiatement, je me sens écoeurée. Je déteste la rose, parce que son odeur est liée à une époque de ma vie qui n'était pas très gaie. Certains desserts libanais me reviennent en mémoire. Je revis des scènes désagréables. Beurk ! Ma réaction, évidemment, étonne tout le monde.
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